Depuis son lancement, le SNU a plus marqué les esprits par ses dérives que par sa pertinence. Insolations et malaises en pleine canicule, harcèlement et agressions sexuelles sur des jeunes filles, propos racistes, punitions collectives répétées et diverses jusqu'à cette série de pompes effectuées sur le gravier et sur les poings : aucun adulte n'accepterait d'être traité ainsi, pourquoi nos enfants le mériteraient-ils ?
En proposant le SNU à la place du stage de seconde, vos intentions sont transparentes désormais : celles et ceux qui n'ont ni le capital culturel, ni le capital social, ni les réseaux pour décrocher un stage vont donc se retrouver prisonniers de votre « sévice » national. À coups d'électrochocs, d'uniformes scolaires, de passeport de civisme, la mise au pas ou l'encadrement par la force serait donc le seul projet que vous êtes en mesure d'offrir à la jeunesse, surtout à la jeunesse populaire, aux plus fragiles et aux plus défavorisés, ceux dont vous avez renoncé à comprendre la détresse, ceux dont vous craignez les révoltes. Mater la jeunesse, est-ce là votre seule ambition ? Quelle est votre prochaine étape : la chasse aux enfants comme le dénonçait le poème de Jacques Prévert ou la réouverture de la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-mer, comme l'annonce le ministre de l'Éducation nationale ?