Quand je vois ce budget, je pense que vous ne comprenez vraiment pas ce que vivent actuellement les jeunes. Ma génération a connu les attentats, le covid et le confinement, la guerre en Ukraine, le conflit entre Israël et la Palestine, le réchauffement climatique, l'inflation, les crises économiques, les gilets jaunes, la réforme des retraites – en cinq ans. Comment s'étonner qu'un jeune sur cinq soit en dépression ? Pourtant, à l'Assemblée nationale, on n'en parle pas : le Rassemblement national vous parle d'islam et de voile, les macronistes vous parlent du SNU. Tout le problème est là : dans le monde politique, on ne parle jamais des préoccupations des jeunes, on ne les comprend pas.
Je prends l'exemple du service national universel. Vous ne pouvez pas dire aux jeunes que vous allez prendre 3 milliards d'euros sur leur budget et les envoyer dans des casernes pour leur apprendre les valeurs de la France alors que vous-mêmes ne respectez pas les valeurs de la France. Les jeunes galèrent à financer leurs études, à trouver un emploi. Certains n'ont pas de professeur dans leur salle de classe avant un examen et vous voulez mettre 3 milliards d'euros dans un gadget bizarre ? Il y aurait tant d'autres priorités : le repas à 1 euro ; le recrutement de psychologues ; l'aide à la recherche d'emploi ; le soutien à des jeunes pour qu'ils ne vivent pas avec 500 ou 600 euros par mois ; le réchauffement climatique… Mais non, encore une fois, la jeunesse française n'est pas respectée. Vous mettez tout cet argent dans le SNU et vous ne comprenez pas que ce soit ressenti comme une injustice par la jeunesse.
Quant au sport, c'est à peu près la même chose : nous traversons un moment où des millions de Français qui travaillent dur sont complètement débordés par l'inflation. Or, s'ils travaillent dur, c'est pour essayer de rendre leurs enfants heureux. Comme l'inflation les empêche parfois d'emmener leurs enfants en vacances ou en week-end à Disneyland, il leur reste le sport : une activité dans laquelle les enfants se sentiront valorisés, ce qui les aidera à s'épanouir. Mais on ne peut pas dire que les clubs amateurs soient en bonne santé : ils subissent aussi l'inflation, et il est de plus en plus dur d'obtenir des subventions, puisque les collectivités subissent elles aussi l'inflation, qui n'est pas compensée par l'État. Tout le monde y perd.
On ne comprend pas non plus pourquoi, en ce moment, les gros ont tout et les petits rien. Le budget de la Ligue de football professionnel, c'est 2,3 milliards d'euros ; celui de la Fédération française de football – les amateurs –, c'est 270 millions, neuf fois moins.
S'agissant enfin des Jeux olympiques, nous nourrissons quelques inquiétudes. Vous estimez les retombées à 10 milliards d'euros, mais dans quelles poches iront-elles ? Beaucoup de Françaises et de Français craignent que tout n'aille aux sponsors, et pas aux Français qui, en Île-de-France, craignent plutôt d'être bien embêtés.
J'ai un petit conseil pour vous : pendant les Jeux olympiques, les Français seront probablement en colère ; et s'ils décidaient de faire grève, il n'y aura pas de 49.3, pas de Gouvernement pour passer en force. Je n'incite personne, mais je vous conseille de faire attention. Peut-être devriez-vous tout de même dès maintenant annuler la réforme des retraites et augmenter les salaires ; mais ça ne dépend que de vous.