Intervention de le général d'armée Christian Rodriguez

Réunion du mercredi 11 octobre 2023 à 15h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général d'armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale :

Le calendrier relatif aux ouvertures de brigades n'est pas entièrement établi. Pour des raisons d'opportunité en termes d'infrastructures, il serait pertinent d'en construire huit ou neuf rapidement, pour nous permettre de nous installer à moindres frais. S'agissant de l'année 2024, j'aimerais pouvoir disposer des lieux d'implantation assez rapidement, afin de pouvoir traduire les mouvements dans les tableaux d'avancement et installer des gradés le plus rapidement possible.

Ensuite, nous disposons de six escadrons actuellement en Guyane, le septième est aujourd'hui à Mayotte mais il a vocation à y retourner. Je sais qu'un travail admirable est réalisé en Guyane, département où l'activité est chargée ; je m'y suis d'ailleurs rendu quatre fois lors des six derniers mois.

S'agissant des sept escadrons de gendarmerie mobile, nous avons recherché des implantations assez proches des lieux d'action des escadrons en temps normal, mais également dans des endroits où nous étions capables de disposer de l'infrastructure suffisante. J'ajoute que quatre escadrons de forces mobiles seront dégagés par l'attribution des missions parisiennes à la préfecture de police et à la garde républicaine. En outre, quatre compagnies républicaines de sécurité (CRS) seront par ailleurs créées.

S'agissant des affectations en Opex dans le domaine du renseignement, la DGSE compte déjà dans ses rangs plusieurs dizaines de gendarmes, dont des officiers. D'une manière générale, nous coopérons fréquemment avec la DGSE, mais intervenons également souvent en Opex. Ces actions permettent notamment de renforcer les parcours de carrière dans différents domaines dont le renseignement, mais aussi de conforter notre présence aux côtés des armées dans des situations compliquées. Ainsi, le durcissement de la formation de nos cadres, s'en trouve améliorée. De mon côté, je dispose également de personnels de DGSE à mes côtés.

Monsieur Favennec-Bécot, il m'est difficile de me substituer au Président de la République, que vous avez interpellé lors de votre intervention. Les choix ont été compliqués à effectuer et il s'avère impossible de réimplanter des brigades partout où elles avaient été supprimées. Malgré tout, la décision de création de nouvelles brigades constitue un signal clair de la reconstruction d'un maillage territorial des services publics, au même titre que les agences France Services. Je me pencherai concrètement sur le cas de la Mayenne, de la même manière que nous travaillons sur la situation de chaque département, afin d'améliorer nos performances et offrir la sécurité à laquelle tous nos concitoyens ont droit. J'aurai l'occasion de vous en reparler.

Madame Darrieussecq, je pense que vous avez fait allusion à la caserne vieillissante de Mont-de-Marsan. Les contrats de partenariat ont pour objectif de produire des logements neufs, mais également de rénover des casernes d'un certain âge, qui sont assez nombreuses. Je me suis d'ailleurs rendu récemment à Strasbourg à ce titre. Je vous remercie tous de vous préoccuper des conditions de vie des gendarmes. Je tiens d'ailleurs à rappeler mon admiration quant à la façon dont les gendarmes effectuent leur travail et l'engagement dont ils font preuve.

L'immobilier constitue effectivement notre principale vulnérabilité, notamment dans le parc domanial. Mais nous commençons à percevoir de réelles améliorations grâce aux contrats de partenariat, après des dizaines d'années de dégradation. Il faut néanmoins être conscients que le travail de reconstruction durera de longues années. Nous devons d'ailleurs chercher des compétences techniques dans le domaine immobilier, tant elles sont à la fois nécessaires et fortement demandées. Des recrutements sont en cours dans ce domaine.

Ensuite, je suis surpris de la question relative à un éventuel manque de munitions durant les émeutes urbaines. En effet, nous en avons plutôt fourni aux autres forces, dont les polices municipales. Par ailleurs, nous avons amélioré le dispositif relatif aux moyens de protection, pour redistribuer une partie de nos stocks.

À l'heure actuelle, 9 000 gendarmes sont spécialisés sur les cyberattaques, dans nos territoires et nous avons créé des antennes dédiées aux enquêtes dans notre centre cyber. Nous mettons l'accent sur la prévention et la formation aux autodiagnostics, notamment auprès TPE, des PME et des collectivités. Les élus locaux doivent en effet s'interroger sur la vulnérabilité de leurs systèmes et nous pouvons ensuite les aider à y remédier, soit directement, soit en les mettant en relation avec des spécialistes.

La jauge des effectifs est fixée à dix personnes pour une brigade fixe et à six pour une brigade mobile. Naturellement, rien n'empêche d'opérer des bascules pour compléter des effectifs localement. Ces questions relèvent essentiellement des relations entre les préfets et les élus.

La réserve opérationnelle nous est utile de manière ponctuelle, lorsque la nécessité se fait sentir. Ici aussi, nous n'observons pas de difficultés de recrutement particulières, même si nous conservons une forte vigilance. En outre, elle est importante pour la relation entre la gendarmerie et les populations. Au-delà, je ne peux que me féliciter du nombre de postes de gendarmes crées : au préalable un poste de gendarme était établi quand trois postes de policiers voyaient le jour. Désormais, le ratio est d'un pour un. La donne a changé au profit de la zone gendarmerie, et je ne peux que m'en féliciter.

Les salles d'écoute destinées à recueillir la parole des enfants victimes sont appelées les salles Mélanie. Aujourd'hui, nous traitons à peu près 60 000 auditions de mineurs, qui ont besoin d'être entendus d'une manière spécifique par nos services enquêteurs. Nous augmentons donc le nombre de salles Mélanie, à la faveur de la hausse de nos moyens de lutte contre les violences intrafamiliales.

Le nombre de véhicules sera légèrement en baisse en 2024 par rapport à 2023, mais nous allons augmenter le nombre de véhicules dédiés au maintien de l'ordre avec les cinquante-huit derniers Centaure et quatre-vingt-dix-neuf VMO, auxquels il faut rajouter 500 véhicules légers. Je ne suis pas inquiet dans ce domaine, dans la mesure où la flotte a été renouvelée récemment.

Je me permets de revenir à nouveau sur l'immobilier pour vous indiquer que nous ne sommes pas réellement confrontés à des problèmes budgétaires dans le domaine locatif grâce aux PPP. Dans le domaine domanial, la situation s'améliore après s'être fortement dégradée pendant de longues années. Je pense à ce titre que vous pourrez nous aider dans nos projets de rénovation et de construction.

Je vous remercie de nous convier à la mission sécurité civile, dont nous nous sommes parlé il y a peu de temps. Cette mission présente de nombreux enjeux, auxquels nous nous adapterons ; comme je l'ai indiqué plus tôt, le terrain commande et les règles ne peuvent être fixées de manière rigide depuis Paris.

Je ne peux malheureusement développer un compte-rendu précis sur les enseignements de l'exercice Orion. Cependant, nous avons joué notre rôle et plus globalement, nous échangeons beaucoup avec l'armée de terre. L'armée de terre nous aide pour l'aguerrissement de nos unités, pour améliorer les escadrons et les pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie. Nous réfléchissons également à la résilience du territoire au côté des armées. Sur le territoire national, il faut repenser et moderniser la défense opérationnelle du territoire (DOT).

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