Je vous remercie pour vos aimables propos. Bénéficiant plutôt d'une bonne image, nous ne sommes pas confrontés à de véritables problèmes de recrutement : les jeunes viennent à nous, avec les singularités de leur génération. Il y a une dizaine d'années, ces jeunes passaient de nombreux concours et choisissaient le premier qu'ils réussissaient. Aujourd'hui, ceux qui viennent chez nous le font en pleine conscience et avec une grande envie. Le véritable enjeu a consisté à recréer des compagnies pour les accueillir. Il y a quelques années nous avons acheté une base aérienne à Dijon, sur laquelle nous avons reconstruit six compagnies, pour être capables d'honorer les flux de recrutement. Ces derniers viennent aussi compenser les flux de départ à la retraite des générations du baby-boom.
De manière concomitante, l'un de nos enjeux consiste à être en mesure de bien former les personnels, compte tenu notamment de la multiplication des enjeux. La formation initiale repose sur l'adaptation permanente aux nouvelles thématiques, comme le cyber ou les atteintes à l'environnement. L'allongement de la formation de neuf à douze mois nous permet également d'avoir plus de temps pour traiter les programmes.
La formation continue sera facilitée par la création des centres de formation régionaux. Nous en créons treize en métropole et sept autres dans les outre-mer. Au-delà, j'aimerais que ne soyons capables de proposer des formations à la carte, ce qui nécessite une certaine ingénierie. Ces formations s'effectueraient à partir des demandes des personnels ou de leurs chefs, qui seraient ensuite regroupées pour former des classes. En opérant de cette manière, les dispositifs seraient moins coûteux que les formations de masse, tout le monde n'ayant pas les mêmes besoins.
Nous avons également fourni un grand effort sur l'enseignement à distance. Je souhaite d'ailleurs vous livrer une anecdote à ce sujet. OpenClassrooms et l'Institut Montaigne nous ont proposé un « Mooc » sur l'intelligence artificielle pour tester leurs serveurs. Parmi nos 100000 gendarmes, 93 000 l'ont suivi, alors qu'ils n'y « gagnaient » rien. Le rajeunissement de nos effectifs nous permet d'introduire des référentiels mieux connus des jeunes générations.
S'agissant des opérations Tempête, le ministre nous a demandé de réfléchir à un dispositif qui ressemblerait à la CRS 8 ou l'escadron Guépard. Concrètement une opération Tempête est constituée par la conjugaison d'un dispositif de rétablissement de l'ordre – les escadrons Guépard – et d'enquêteurs qui viennent en renfort depuis Paris, notamment dans les compétences un peu rares qui peuvent manquer aux enquêteurs locaux. Nous avons ainsi envoyé des spécialistes judiciaires en renfort des sections de recherche ou des groupements en charge d'un dossier particulier, tout en sécurisant simultanément la zone pendant les opérations de perquisition et d'interpellation. Les magistrats traitent le dossier judiciaire et les préfets agissent de manière transversale, afin de gérer les familles qui créent des difficultés. En résumé, pendant une semaine, nous concentrons nos efforts, qui nous permettent de neutraliser des équipes. Par la suite, il est également nécessaire de garantir une surveillance.
Désormais, nous souhaitons reproduire ce schéma d'action sur les villes moyennes, qui voient s'implanter une forme d'économie souterraine, avec l'installation de commerces qui servent en réalité à blanchir les fonds des équipes criminelles. L'objectif consiste donc bien à travailler en amont, notamment à l'aide d'enquêteurs spécialisés dans le blanchiment, notamment cyber. Ces démarches sont efficaces. Elles ont été expérimentées en Haute-Savoie, dans le Val-d'Oise et l'Isère et actuellement en Loire-Atlantique. L'ensemble des acteurs impliqués, préfets, magistrats et gendarmes tiennent leur rôle dans le cadre de cette action transversale.