Non : si l'on interdisait les vols de moins de deux heures et demie lorsqu'il y a une possibilité de prendre l'avion, cela voudrait dire qu'on les interdirait tout court – ce lapsus ne correspond donc pas tout à fait à ma philosophie. En tout cas, le décret est sur le point d'être publié : il n'y a pas de renoncement.
S'agissant de Stocamine, la non-pollution de la nappe est évidemment l'obsession de mon ministère. La première décision ministérielle prévoyant un confinement des déchets toxiques pour empêcher toute contamination a été prise par Mme Royal, puis confirmée par Mme Pompili. Je souhaite que nous trouvions le moyen juridique de faire réaliser rapidement ces travaux : nous devons éviter que le temps qui passe ne provoque un effondrement des galeries de stockage et que le risque de contamination ne devienne réalité.
Monsieur Pradal, votre idée d'accroître la contractualisation dans les nouvelles générations de CRTE et d'y ajouter des indicateurs, en particulier de transition écologique – en lien avec le nom de ces contrats – est bonne : il s'agit certainement d'une piste à creuser. Cela nous renvoie à la discussion que nous avons eue avec M. Balanant concernant l'évaluation de la mise en œuvre des CRTE et la création d'outils permettant aux différentes parties du contrat de parler la même langue.
Vous avez raison, monsieur Baubry, les décisions prises dans le cadre du dernier projet de loi de finances rectificative présentent un angle mort. Je regrette qu'aucune aide n'ait été instaurée pour les granulés bois lorsque les aides au fioul ont été votées – ce sujet n'avait d'ailleurs pas suscité autant d'amendements que le soutien à d'autres modes de chauffage. Je souhaite que cet oubli soit réparé dans le cadre du chèque énergie et des futurs dispositifs qui seront mis en place.
Madame Chassaniol, j'ai bien entendu votre question concernant les dark stores. Le sujet est à la fois complexe et simple. Si nous ne faisons rien, les établissements de ce genre continueront de se développer. Mais ne créons pas de polémique inutile : si la question a été soulevée cet été par des élus de grandes villes, ce n'est pas parce que le Gouvernement réfléchissait à la façon d'autoriser ces établissements – ils se développent sans autorisation. Au contraire, le Gouvernement réfléchit à la manière de réguler l'implantation des dark stores et des dark kitchens et de donner aux maires des leviers pour agir. Quant au respect du droit du travail et à la nécessité de contrôler ces établissements, ces sujets s'éloignent grandement de mon domaine de compétence et de celui de mon ministère ; ils nécessitent donc un travail interministériel.
Madame Martin, concernant le mix énergétique global, la situation dans laquelle nous nous trouvons résulte d'un sous-investissement dans le secteur nucléaire ces dernières années. Nous ne devons pas répéter cette erreur : il faut donc investir dès maintenant dans des réacteurs qui nous permettront de compléter notre mix énergétique. Ne racontons pas d'histoires : nos besoins énergétiques ne vont pas aller en diminuant. Pour nous débarrasser des énergies fossiles, nous devrons notamment massifier l'électrification de notre flotte de véhicules, ce qui nécessitera une puissance électrique supérieure. Cela suppose évidemment des investissements massifs en faveur des énergies renouvelables – vous aurez l'occasion d'en débattre dans quelques semaines, lorsque vous examinerez le projet de loi présenté par Agnès Pannier-Runacher –, qu'il faudra allier aux énergies décarbonées, dont nous connaissons les qualités. Je n'oppose pas ces énergies les unes aux autres, je les considère comme complémentaires.
Monsieur Ménagé, notre pays est en retard dans le déploiement des énergies renouvelables ; or nous devons être capables d'associer, dans notre mix énergétique, la totalité de ces énergies. Des déploiements anarchiques d'éoliennes terrestres ? Quand on compare la capacité éolienne globale de la France à celle d'autres pays, notre avance ne saute pas aux yeux ! Certains gisements d'énergies renouvelables, pour lesquels nous avons des marges de manœuvre considérables à court terme, suscitent beaucoup moins de levées de boucliers. Au lieu de faire de la petite politique et d'utiliser l'écologie pour défendre un pré carré électoral ou toujours expliquer que les autres n'en font pas assez, je souhaite que, conscients de l'ampleur des enjeux, nous entrions dans une logique pragmatique de mobilisation et que nous cherchions à rassembler les Français plutôt qu'à les opposer. C'est pourquoi nous voulons accélérer le déploiement de l'éolien offshore et du photovoltaïque, les deux leviers principaux du projet de loi qui vous sera présenté dans quelques jours.
Il me semble avoir déjà répondu au sujet de l'inflation, mais je serai plus à l'aise pour le faire dans quelques jours, lorsque la totalité du dispositif aura été présentée.
Nous devons nous sortir de la tête l'idée que la sobriété serait le mot d'ordre du seul hiver 2022. C'est l'un des leviers de l'atténuation du changement climatique : nous devons nous habituer à consommer moins de ressources, compte tenu du contexte global dans lequel nous nous trouvons.
La question sur la TGAP est un peu plus technique. Nous devons faire en sorte que ce qui est néfaste pour l'environnement coûte plus cher que ce qui est bon pour lui. Il y a sans doute une réflexion globale à conduire sur la fiscalité. Par exemple, la création du fonds pour le recyclage des friches, qui finance la réhabilitation de terres déjà artificialisées, est incontestablement une bonne idée, mais peut-être devrions-nous aussi nous interroger sur le renchérissement de l'artificialisation que cela induit. Si le seul levier d'action consiste à injecter systématiquement de l'argent public, nous risquons de ne pas nous y retrouver ! De même, si nous pensons que l'économie circulaire a des vertus, nous pouvons l'encourager en réduisant la taxation des biens issus de ces filières. J'en appelle donc à une réflexion du Parlement, tant dans le cadre des prochains chantiers de la planification écologique, qui doivent inclure des discussions sur la fiscalité, qu'à l'occasion de ses travaux habituels. Cela augure de débats qui seront passionnants à vivre et que j'aurai plaisir à accompagner, en me soumettant à une nouvelle audition ou en siégeant au banc du Gouvernement dans les prochaines semaines et les prochains mois.