Monsieur le ministre, je suis étonné. Je vous ai connu comme maire d'Angers. Lors d'un conseil municipal, vous aviez eu une colère très remarquée contre une autre élue qui vous avait interpellé à propos de la construction d'une énième zone commerciale sur des terres agricoles. Vous aviez accusé vos opposants de vouloir réguler les naissances et fermer les frontières, et le reste de votre réponse consistait à dire, pour l'essentiel, qu'il ne fallait pas lutter contre l'artificialisation des sols – et que, de toute façon, il n'était pas possible de le faire. Je vois que le fond de votre pensée a changé.
Comme vous l'avez dit vous-même, nous payons cinquante ans d'artificialisation, pendant lesquels nous avons construit davantage qu'au cours des cinq siècles précédents. Mais, depuis votre nomination, vous n'avez pas fait tant de choses que cela. Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous vous êtes fait remarquer par votre absence pendant la crise estivale, cachant mal votre absolue incompétence en matière d'écologie.
Vous menez toujours la même politique qu'à Angers, mais vous êtes passé des cris aux chuchotements, puisque vous avez suspendu en toute discrétion l'application de l'un des décrets relatifs à l'objectif Zéro artificialisation nette, condamnant le zèle de certains préfets qui protégeaient l'environnement contre l'urbanisation galopante. Vous avez cédé aux sirènes de vos vieux amis de la droite, qui pourront ainsi continuer à faire la part belle, dans leurs plans locaux d'urbanisme, aux lotissements, aux routes et aux centres commerciaux, sans prendre en compte les limites de notre environnement. Du béton, encore du béton, toujours du béton ! Dans le béton, tout est bon ! Ça, c'est du dogmatisme. Pourtant, le décret en question n'avait rien de très ambitieux, mais il semble que respecter les accords conclus lors de la Convention citoyenne pour le climat, c'était déjà un peu trop pour le gris « Horizons » et pour Renaissance…
Comment comptez-vous réécrire ce décret ? Le ferez-vous en tant que maire bétonneur d'Angers ou en tant que ministre de l'écologie écoutant les alertes du GIEC ? Comment allez-vous répondre au besoin de débétonner pour rendre nos villes résilientes face aux canicules – dont nous avons vu les conséquences avec les feux – et de stopper la métropolisation, qui continue d'aggraver les inégalités entre nos territoires et détruit l'environnement ?