En juillet dernier, monsieur le ministre, vous avez déclaré : « Le ministère de la transition écologique, c'est celui de la prévention, pas celui qui éteint les incendies quand ils ont commencé. »
Certes, ce n'est pas vous qui éteignez les incendies, mais c'est bien la Macronie, dont vous faites partie, qui rejette depuis cinq ans toutes nos propositions tendant à planifier la réponse à l'urgence climatique. C'est bien la Macronie qui a réprimé les pompiers en octobre 2019, alors qu'ils défilaient pour dénoncer le manque d'effectifs et demander davantage de reconnaissance pour leur profession. C'est bien l'exécutif – vous vous inscrivez dans la continuité de son bilan – qui n'a pas renouvelé la flotte de Canadair, alors que les deux tiers d'entre eux ont plus de 25 ans ; nous avons dû faire appel à la solidarité européenne pour combler ce manque d'investissement ! C'est bien le même exécutif qui a poursuivi la saignée dans les effectifs de l'Office national des forêts (ONF), ce qui explique en partie la situation actuelle.
Ainsi, non seulement vous ne prévoyez ni n'anticipez rien, mais vous détruisez tout ce qui fonctionne... Voilà pourquoi nous avons du mal à croire à la cohérence et à l'efficacité des éléments de feuille de route que vous nous avez présentés.
Surtout, au-delà de l'inaction, votre logiciel en la matière est daté, et vous conduit même à faire le contraire de ce qu'il faudrait, à savoir une bifurcation écologique et solidaire, comme nous le proposons. Cette bifurcation passe notamment par le recrutement massif de personnels et de fonctionnaires à la sécurité civile, à l'ONF et à Météo-France. Elle nécessiterait en outre de repenser totalement la politique de cohésion des territoires, dont vous avez la charge, notamment en mettant fin à l'hyperconcentration du pouvoir politique et économique dans les grandes métropoles et agglomérations, qui assèche les territoires, et en redonnant à la commune sa place primordiale, comme échelon de base non seulement de notre démocratie, mais aussi de la planification écologique. Nous proposons de confier aux communes la réalisation du « goutte-à-goutte » des 200 milliards d'euros d'investissements nécessaires pour la planification écologique. Vous pourriez aussi revoir la carte des régions, qui n'a aucune cohérence. Il faudrait la repenser en fonction des bassins versants, ce qui permettrait de coordonner les politiques publiques de maîtrise du cycle de l'eau et faciliterait le travail nécessaire pour atteindre l'objectif « zéro pollution et zéro épuisement de la ressource en eau ».
Ce ne sont là que quelques exemples, qui jettent le doute et montrent que, malheureusement, votre gouvernement et votre minorité présidentielle ne sont pas écolos pour un sou. Compte tenu de l'urgence, l'ensemble des mesures que vous avez proposées ne fera pas la maille, comme on dit. De toute évidence, plus tôt nous serons aux affaires, mieux cela vaudra.