Croyez-vous sincèrement que vous pourrez encore, durant trois ans et demi, additionner, multiplier les 49.3 sans que les Français soient de plus en plus nombreux à en être scandalisés, au risque d'alimenter le discrédit dont souffrent nos institutions républicaines ? Vous sciez la branche sur laquelle vous êtes assis. C'est pourquoi le général de Gaulle avait prévu le référendum ou la dissolution en cas de crise : il s'agissait de donner aux Français l'ultime pouvoir d'arbitrage. N'oublions jamais l'article 2 de notre Constitution, que vous piétinez allègrement : le principe de la République est celui du « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » Si vous êtes si sûrs de votre projet de loi de financement de la sécurité sociale, pourquoi n'osez-vous pas proposer un référendum sur votre politique sociale ? Mais vous n'en voulez jamais ! Ni sur l'immigration, ni sur les retraites, ni sur l'Union européenne. Vous ne respectez pas le peuple, car vous ne l'aimez pas. Vous ne respectez pas davantage les corps intermédiaires. Du reste, votre projet de loi a été rejeté par tous : le conseil de la Cnam, les fédérations hospitalières, la Fédération nationale des infirmiers, les syndicats, les caisses d'allocations familiales et, pour la première fois, par les oppositions en commission.
L'ensemble du pays vous exprime, avec bon sens, son refus de ce projet de loi de financement et vous avez l'inconscience, l'arrogance, le mépris de vouloir toujours passer en force comme si de rien n'était. Vous n'avez pas cherché, en rédigeant ce texte, à redonner une bouffée d'oxygène à notre système de santé et à stopper sa déliquescence. La députée qui s'est exprimée avant moi a tout simplement oublié l'inflation.