Aujourd'hui, nous avons failli. Nous avons failli à notre mission de doter notre pays d'un budget à la hauteur des besoins de celles et ceux qui nous ont élus. Nos instances de gouvernance ont failli, en ayant recours, pour la quatorzième fois, à l'article 49, alinéa 3 sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Vous avez failli à votre mission, celle de discuter des recettes pour 2024 et de doter la sécurité sociale de recettes suffisantes pour couvrir les besoins en soin et en accompagnement. Non seulement, c'est profondément désolant, mais ce n'est pas drôle, en dépit des bavardages et des rires entendus sur vos bancs la semaine dernière, lors de l'allocution profondément empreinte de clairvoyance et de sagesse de mon collègue M. Le Gayic. En adoptant ce comportement méprisant, vous avez alors fait preuve d'un dédain manifeste pour notre institution.
Le recours au 49.3 et le coût qu'il représente pour la démocratie est profondément dangereux, car il fait naître un sentiment d'injustice chez nos concitoyens et concitoyennes. Le mouvement inédit des gilets jaunes a pointé du doigt l'abandon d'une partie de la population, qui se sent en périphérie de la démocratie. La crise du coronavirus laisse encore des traces, étant donné l'impact intime, financier et social qu'il a eu sur la population la plus vulnérable. Cet été, nous avons connu dans les quartiers populaires une crise sociale des plus graves, mais la réponse apportée à la demande de justice et d'égalité qui s'y est exprimée est insuffisante.
Alors que, depuis six ans, nous faisons face à une crise sociale, économique et écologique sans précédent, qui frappe toutes les couches de notre société, nous devrions créer un véritable choc démocratique. Loin de passer en force, il faudrait réinventer, écouter, et par exemple réellement composer avec les conventions citoyennes dont vous avez moqué les conclusions.