Madame la Première ministre, « soixante ans plus tard, je suis toujours hantée par les images, les odeurs […] des camps d'extermination de la Shoah ». Jamais je n'aurais pensé que je puisse faire mien chacun de ces mots de Simone Veil. Et pourtant, je resterai hanté à vie par ce petit matin du 7 octobre 2023 où, pour quelques heures, l'humanité a déserté le monde. Je resterai hanté par le visage de ces enfants qui furent tués à bout portant devant leurs parents. Je resterai hanté par l'odeur insoutenable du camp de Shura, où j'ai vu les corps mutilés qui disent la barbarie, ceux de cette mère et de son bébé recroquevillés et brûlés vifs.
Si je me permets d'évoquer sans pudeur l'atrocité que j'ai vue en Israël avec mes collègues, c'est que je n'ai pas supporté les voix qui se sont élevées dans notre pays pour parler de crimes de guerre, ces mêmes voix qui s'en sont pris avec une brutalité abjecte et la pire rhétorique antisémite à la présidente de l'Assemblée nationale.