La République doit fixer des règles, fixer des limites et sanctionner lorsque c'est nécessaire. Elle est d'autant plus forte pour le faire qu'elle garantit les droits, qu'elle n'en fait pas un objet de chantage et qu'elle conçoit la peine dans sa dimension de réparation et d'amendement.
Cette proposition de loi n'aura aucun effet positif. Elle révèle des conceptions éducatives qui datent, comme on dit chez moi, de l'an pèbre. Elle méconnaît les mécanismes complexes de l'éducation. Comme s'il suffisait de vouloir pour son enfant ! On ne fait pas d'un enfant ce qu'on veut, on cherche sa route avec lui. Tant de choses construisent une personne humaine : ce que lui donnent ses parents, ce qu'elle trouve à l'école, ce qu'elle puise dans ses pratiques culturelles et sportives, ce qui se façonne dans les rencontres qu'elle fait.
Rien de bon ne se gagne dans le mépris. Certains veulent une société impitoyable, vengeresse, accablante. Nous voulons une société qui protège, accompagne et relève, une République qui défend toujours la dignité humaine, une République qui apprend, plutôt qu'à obéir avec docilité, à être libre et responsable. Nous voulons une République civilisée.