Dans les classements de l'Organisation météorologique mondiale, nos modélisations sont parmi les meilleures. Pour les prévisions sur l'Europe, nous sommes parfois au deuxième rang, parfois au troisième, mais toujours dans le peloton de tête, au meilleur niveau scientifique et technique aujourd'hui. Mais certains phénomènes météorologiques sont plus difficiles à prévoir que d'autres, en particulier les phénomènes de petite échelle et au-delà de la qualité de la prévision, se pose la question de la manière dont nous la diffusons. Les tornades qu'a évoquées M. Blairy sont un défi pour notre dispositif de vigilance, aujourd'hui conçu à l'échelle départementale ; il nous faut analyser comment améliorer l'information que nous donnons sur des phénomènes de beaucoup plus petite échelle. J'ai mentionné le début de vigilance infradépartementale pour les risques vague/submersion et avalanches et nous voulons progresser dans cette voie. En effet, si l'on met tout un département en rouge pour un événement très localisé, la majorité de la population pense que Météo-France fait n'importe quoi puisqu'il ne s'est rien passé dans la plupart des lieux, et en tire la conclusion erronée que la vigilance est un dispositif inutile auquel il ne sert pas de prêter attention. Mais si nous ne sommes pas en rouge, la population touchée par des événements bien réels s'interroge légitimement sur nos prévisions.
Pour ce qui est spécifiquement des tornades, on sait prévoir au niveau international les conditions favorables à leur émergence, mais pas les tornades elles-mêmes ; les Américains, qui font cela depuis très longtemps, ont un taux d'échec d'environ 50 % quand ils prédisent une tornade. Nous travaillons à un dispositif d'information infradépartementale sur les conditions favorables aux tornades, mais ces prévisions auront un pourcentage de réussite moindre que celui auquel nous parvenons pour d'autres sujets.
La territorialisation des échanges a été évoquée plusieurs fois. Notre organisation reste territorialisée, puisque nous avons 39 sites en métropole, sans parler de l'outre-mer, et que nous avons installé un réseau de correspondants, des référents territoriaux qui n'ont pas de missions opérationnelles mais qui sont chargés de l'accompagnement de leurs interlocuteurs institutionnels, État ou collectivités, pour déployer à grande échelle les services que nous mettons en œuvre et que nous souhaitons renforcer, comme le service sur les îlots de chaleur urbains. J'ajoute que pour être le plus utiles possible, nos services météorologiques doivent intégrer une dimension d'impact et donc une connaissance très fine de nos utilisateurs. Or nous n'avons pas la connaissance parfaite de tous les secteurs institutionnels et économiques ; travailler avec des partenaires nous permet de déployer des services plus utiles à nos interlocuteurs et à plus grande échelle.
Une série de questions portait sur les services commerciaux et les recettes externes de l'établissement. La demande de services météorologiques et climatiques est en très forte expansion. Météo-France n'a pas les effectifs qui lui permettraient de répondre à l'ensemble des demandes. Nous souhaitons donc répondre aux demandes pour lesquelles la valeur ajoutée d'un organisme public à la très grande expertise scientifique sera la plus forte. Un grand nombre d'entreprises privées pouvant assurer des services météorologiques « tout-venant », nous avons décidé de privilégier des services à haute valeur ajoutée pour des secteurs essentiels du pays. Outre le secteur public, nous avons défini comme secteurs prioritaires ceux des transports, de l'énergie et de l'eau.
À compter du 1er janvier 2024, l'accès à toutes nos données publiques sera gratuit, ce qui offre de nouvelles possibilités de réutilisation. Permettre cette mise à disposition dans de bonnes conditions suppose de donner un « bain de jouvence » à nos systèmes informatiques dans les prochaines années, et donc des investissements importants.
L'égalité hommes-femmes me tient à cœur. Nous avons défini un plan pluriannuel visant à combattre discriminations et harcèlements et fixant des mesures de promotion des femmes au sein de l'encadrement et de l'encadrement supérieur. Nous mettons en place des indicateurs de suivi pour vérifier les effets de cette politique.
La question m'a été posée des besoins de recrutements de Météo-France. La pyramide des âges de notre effectif entraîne, c'est exact, de très nombreux départs en retraite, presque 200 en 2023. Cela nous a conduits à élargir les promotions d'ingénieurs et de techniciens supérieurs à l'École nationale de la météorologie pour former davantage de fonctionnaires, mais il faut un peu de temps pour les former. D'autre part, nous renforçons sérieusement le recrutement de contractuels issus du secteur public ou du secteur privé, et nous présenterons dans quelques semaines au comité social d'administration un cadre de gestion de nos contractuels visant à renforcer l'attrait de Météo-France. Notre établissement est globalement attractif parce que le sujet climatique est un sujet attractif, mais les conditions d'emploi et de rémunération comptent, bien sûr. Il était donc nécessaire de créer ce document jusqu'alors inexistant.
Pour ce qui est de la sensibilisation au changement climatique, nous avons créé un réseau d'intervenants internes spécifiques pour répondre aux besoins à ce sujet des services de l'État, de la sphère éducative et des entreprises, pour informer et sensibiliser. Nous avons beaucoup renforcé les contenus sur le climat sur notre site internet, très bel outil de promotion avec ses 500 millions de visites par an, et cette évolution a entraîné l'augmentation de plus de 40 % des consultations de nos pages sur le climat entre 2021 et 2022. Nous avons aussi engagé de nombreux partenariats avec des médias et des organismes spécialisés dans la formation pour démultiplier nos messages sur le changement climatique.
Enfin, nous sommes très fortement impliqués dans l'exercice de trajectoire de référence pour l'adaptation au changement climatique lancé par le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Depuis la rentrée, Météo-France a mis à disposition sur son portail Dria les données de référence travaillées pour cet exercice ; elles contribueront à la révision des politiques publiques à venir dans le cadre du plan national d'adaptation au changement climatique.