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Intervention de Clémence Guetté

Réunion du mercredi 11 octobre 2023 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémence Guetté, rapporteure :

Madame, nous devons, sur le fondement de l'article 13 de la Constitution, nous prononcer sur votre maintien au poste de présidente-directrice générale de Météo-France. Nous avons à cette fin lu vos réponses, dont je vous remercie, au questionnaire que je vous avais transmis. Nous vous auditionnons dans un contexte particulièrement inquiétant : lundi dernier, 130 records de chaleur ont été battus en France et hier, 10 octobre, la température dépassait 30 degrés Celsius dans une grande partie du pays. Selon les estimations de l'agence Santé Publique France, 500 décès au moins sont imputables à la canicule qui a sévi cet été, 60 au moins à l'épisode de chaleur exceptionnelle du mois de septembre, et de 30 000 à 50 000 depuis dix ans au dérèglement climatique qui, loin d'être une notion abstraite, est une réalité meurtrière. Ses effets se ressentent en France de façon plus aiguë chaque année, et l'Europe se réchauffe plus vite que le reste de la planète.

L'inaction est donc terriblement coûteuse, comme la perte de nos meilleurs instruments de connaissance. Météo-France est un pilier de la recherche climatique française. Ses missions incluent la prévision des aléas climatiques, la recherche scientifique et la contribution aux travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'information et l'appui aux communes pour l'adaptation aux effets du changement climatique, l'éducation et la sensibilisation à ces enjeux. C'est l'un des organismes publics de recherche d'excellence qui font le rayonnement scientifique international de la France.

Or, étant donné les conséquences du changement climatique sur nos vies, les orientations budgétaires décidées par le Gouvernement pour Météo-France sont incompréhensibles. J'ai été surprise de lire dans vos réponses au questionnaire que vous vous réjouissiez de la hausse du plafond d'emplois de 25 équivalents temps plein (ETP) dans le projet de budget pour 2024. Considérant que 600 postes ont été supprimés en dix ans et 60 par le budget 2022, cette hausse me semble assez peu réjouissante, et même plutôt inquiétante. Le groupe La France insoumise considère que Météo-France, opérateur essentiel, mériterait d'avoir les moyens humains de mener à bien ses missions. Trouvez-vous acceptables, ou justifiées, de telles réductions structurelles d'effectif ? Quelle part de ces 25 postes et quels moyens seront alloués à la formation de nouveaux prévisionnistes ?

Météo-France assure également le service météorologique de la navigation aérienne et reçoit à ce titre une redevance de 85 millions d'euros de la direction générale de l'aviation civile. Le montant de cette redevance est stable en euros courants depuis 2012, ce qui signifie qu'elle se dévalue chaque année du niveau de l'inflation. Pourtant, le secteur aérien contribue très largement aux émissions de gaz à effet de serre et aux dégradations environnementales. Le transport aérien ne devrait-il pas être davantage mis à contribution pour permettre l'augmentation de vos moyens ?

Vous affirmiez lors de votre nomination, en 2019, que vous seriez particulièrement vigilante face à la réduction du nombre d'implantations territoriales de Météo-France mais depuis lors, vous avez entériné de nombreuses fermetures. Ces décisions sont incompréhensibles quand, d'évidence, notre service public de météorologie et de climatologie doit jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le dérèglement climatique et l'adaptation à ses effets, qui exige un maillage cohérent du territoire. Pourriez-vous nous donner l'estimation chiffrée de ces fermetures sur dix ans ? Allez-vous rouvrir des sites ?

Vous évoquez brièvement dans vos réponses votre implantation dans les territoires dits d'outre-mer, arguant que les effectifs supplémentaires concédés dans le projet de budget permettront d'y développer des services climatiques locaux. On ne peut s'empêcher de se demander pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt, ces territoires étant bien plus exposés que la métropole aux événements climatiques extrêmes ; vous nous en direz davantage.

L'intersyndicale n'a eu de cesse de dénoncer les suppressions d'implantations et la centralisation de vos activités, des décisions qui, selon les syndicats, nuisent à la qualité de vos prévisions et aux conditions de travail de vos employés. Votre réponse à ma question portant sur le dialogue social au sein de Météo-France contraste fortement avec la situation décrite par l'intersyndicale ces derniers mois, notamment lors de la grève menée en août 2023. Vous dites vous être « investie personnellement depuis 2019 pour assurer un dialogue social de qualité ». Pourtant, si vous êtes parvenue à un compromis avec l'intersyndicale la semaine dernière, cette séquence de négociations était, selon les syndicats, plutôt exceptionnelle, dans un contexte de crispation générale après, je cite, « des années de mauvais traitements ». Le dialogue social semble donc plutôt tenir d'un dialogue de sourds. Pensez-vous réellement avoir assuré un dialogue social de qualité ?

Je ne doute pas que la discussion qui va s'ouvrir nous permettra d'éclaircir ces points pour que nous puissions nous prononcer sur votre nomination.

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