Savez-vous qui a affirmé : « Je me sers de mes médias pour mener mon combat civilisationnel » ? Il s'agit de Vincent Bolloré, principal actionnaire du groupe Canal+, qui possède également trois chaînes gratuites de la TNT (C8, CNEWS et CSTAR). En 2021, le CSA a pris une seule sanction pécuniaire à l'encontre d'une chaîne ayant méconnu son obligation de ne pas inciter à la haine ni encourager les comportements discriminatoires, à savoir CNEWS. Le rapport annuel mentionne aussi trois mises en garde adressées en 2021 à la suite de manquements à leurs obligations en matière d'honnêteté et de rigueur dans le traitement de l'information, une fois de plus en direction de CNEWS. On peut encore reprocher au groupe et à son principal actionnaire un goût particulier pour la censure. S'il y est totalement possible, pour Éric Zemmour, de tenir des propos discriminants sur son antenne, tout en criant qu'on ne peut plus parler de rien, il s'est avéré beaucoup plus compliqué, pour Sébastien Thoen, chroniqueur, de pratiquer l'autodérision. En effet, celui-ci a été licencié de Canal+ en 2020 pour avoir parodié l'émission L'Heure des Pros. Début 2018 déjà, vingt-six associations, vingt-trois médias et de nombreux journalistes publiaient une tribune pour dénoncer les entraves à la liberté de la presse dont est coutumier le groupe Bolloré, mais les exemples récents de l'émission du rédacteur en chef de Paris Match Bruno Jeudy, évincé pour s'être opposé à la publication de la une consacrée au cardinal ultra-conservateur Robert Sarah, ou encore de la censure subie par Guillaume Meurice pour son livre, nous laissent penser que ces questions sont encore d'actualité. Quel est donc votre ordre de bataille dans ce combat civilisationnel que Vincent Bolloré a décidé de mener ? Pensez-vous que les ressorts législatifs soient suffisants pour lutter contre la concentration et, de fait, l'extension de ces empires médiatiques à ambition idéologique ?