Trois sentiments nous habitent à l'issue de cette réunion.
Le premier est l'indignation et la compassion pour ce qui arrive au peuple israélien. Je crois que tout le monde a ressenti, quelles que soient les différences d'analyse politique, l'extrême souffrance du peuple israélien et sa légitime colère. Nos amis israéliens doivent être assurés de notre profonde sympathie dans cette épreuve.
Le deuxième est la volonté de comprendre. Nous avons un devoir d'intelligence, de lucidité, d'explication. J'ai toujours été fasciné par la capacité du peuple juif à toujours comprendre les drames les plus épouvantables auxquels il a été exposé et de savoir ce qu'il fallait faire. J'avais observé cette prise de distance de l'intelligence, quand je travaillais avec Simone Veil et qu'elle parlait de ce qui lui était arrivé à Auschwitz. Cette capacité de maîtriser l'horreur par l'intelligence est un devoir pour nous. Nous devons comprendre, expliquer, analyser.
Enfin, le troisième sentiment est une exigence de volonté. Nous devons veiller à ce que les événements en Israël ne se traduisent pas par des violences, des déchirements et des discordes à l'intérieur de notre communauté nationale. Nous avons tous un devoir dans nos partis politiques pour amener nos concitoyens à réagir intelligemment et à éviter qu'ils soient tentés par la violence.
J'ai été très sensible à ce qu'a dit Élie Barnavi sur notre responsabilité politique. Je ne sais pas si la France a été insuffisance. Dominique Moïsi a eu raison de rappeler que le président de la République était resté fidèle à l'inspiration fondamentale de la France sur ce dossier. Nous n'en avons certainement pas fait assez, sans doute parce que, seuls, nous n'avions pas les moyens d'en faire autant qu'il aurait été nécessaire. L'appel d'Élie Barnavi à l'Europe est évident. Dominique Moïsi s'est associé à ce message en évoquant la nécessité d'une convergence entre les Britanniques, les Allemands, les Espagnols et les Français. Nous ne pouvons pas être aux abonnés absents de cette tragédie. Les Européens se perdent dans des querelles qui ne sont pas dignes d'eux et des défis que nous avons à relever ensemble. C'est le moment de faire de la politique. Les Américains ont immédiatement dépêché un porte-avions en Méditerranée orientale, pour marquer qu'ils voulaient éviter un embrasement régional. Nous n'avons pas les moyens d'agir de cette manière mais nous devons être présents collectivement et solidairement sur ce dossier.
Ce sont les trois messages que j'estime devoir être retenus de cet échange de vues très intéressant. Solidarité et sympathie avec les Israéliens, capacité d'analyse, de compréhension et de lucidité sur la situation créée par ces terribles événements et mobilisation.
Je vous remercie tous les trois de nous avoir aidés à comprendre la situation. Nous quittons cette réunion avec l'idée que nous devons relever ensemble de nouveaux défis.