J'en ai beaucoup voulu à cet ancien premier ministre parce que je crois que le travail de chercheur consiste justement à expliquer, même face à l'horreur absolue que nous avons vécue. Monsieur Barnavi, j'ai lu votre interview dans Le Monde, dans laquelle vous dites que ce qu'il s'est passé est la conjonction d'une organisation fanatique et d'une politique imbécile d'Israël. Vous apportez des explications, comme Frédéric Encel, comme Dominique Moïsi, comme vos collègues chercheurs quand ils montrent que la politique israélienne contribue à la radicalisation de tant de jeunes.
Vous avez dit, monsieur Moïsi, que la France était fidèle à sa politique, mais qu'a-t-elle fait depuis des années ? Quelle initiative a-t-elle prise face à la radicalisation, face à une Autorité palestinienne qui n'existe quasiment plus et au renforcement de la colonisation et du morcellement des territoires de Cisjordanie ? Il y a vingt ans, quand j'allais en Cisjordanie, les Palestiniens me disaient déjà que l'Autorité palestinienne était corrompue. Une relève au Fatah est-elle possible ?
Enfin, je vous remercie de nous avoir redonné espoir sur la solution à deux États. Je commençais à désespérer et je m'étais laissé convaincre qu'avec un tel morcellement, ce n'était plus possible. Notre collègue Nadia Essayan, ancienne députée palestinienne, avait dit à la tribune de l'Assemblée nationale sous la précédente législature qu'elle n'y croyait plus et qu'elle envisageait une solution avec un État binational ou une autre option.