Le gouvernement d'union nationale qui se prépare n'a d'autre objectif que la guerre ; il n'a pas de plan. Cette formule a été imaginée pour la gestion du conflit parce que certains ne font pas confiance à l'équipe en place aujourd'hui. Si vous demandez à la droite religieuse ou nationaliste comment ils voient l'avenir avec cinq millions de Palestiniens, ils n'ont de réponse. Seuls les ultrareligieux, les messianiques, répondent que « Dieu y pourvoira ».
C'est la raison pour laquelle je lance cet appel pathétique à l'Europe. Elle doit effectuer le travail que les Américains auraient dû faire depuis longtemps ; je me suis largement expliqué sur ce sujet.
Il faut dessiner un cadre d'action, par exemple avec une nouvelle déclaration de Venise, comme celle de 1980, exposant les principes de l'Europe, sa feuille de route et sa volonté de la faire respecter puisqu'il y va de ses intérêts et de ses valeurs. Ce serait un début pour mettre le gouvernement israélien au pied du mur et lui montrer qu'il y a d'autres acteurs, qui ont l'intention d'être respectés.
L'alternative est de sortir de ce bain de sang à Gaza comme nous y sommes entrés, avec un Hamas largement affaibli et meurtri mais qui recommencera dès qu'il aura reconstitué ses capacités militaires.
Nous sommes dans un cycle sans fin, dont on ne peut sortir que par la diplomatie et la politique. C'est ce à quoi j'invite les Français et les Européens. Je sais que ce n'est pas facile. Je sais aussi que le président de la République française le ressent très profondément. Vous avez d'autres sujets à gérer, comme l'Ukraine mais le problème est le même partout. Ce sont de grosses violations du droit international, des droits humains, et vous ne pouvez pas dire que vous vous occupez d'un problème en laissant un autre de côté, car ce dernier s'impose à nous, parfois de la manière absolument incroyable à laquelle on vient d'assister.