Avant même la suppression de la taxe sur l'audiovisuel, nous avions commencé à perdre beaucoup de visibilité budgétaire. Chaque année, les équipes de France Médias Monde et de TV5 Monde sont laissées dans l'incertitude quant au sort qui les attend. Le personnel s'inquiète des évolutions à venir et s'en trouve déstabilisé. On perd de la matière grise. Beaucoup de journalistes se demandent s'ils doivent rester au sein d'un organisme qui ne leur assure pas une visibilité suffisante et les expose de surcroît à des dangers dans l'exercice de leur profession à l'étranger.
Les crédits de BBC World et de la Deutsche Welle sont d'ailleurs nettement supérieurs aux nôtres. Le Royaume-Uni et l'Allemagne accordent beaucoup plus d'attention à leur audiovisuel extérieur. Quant aux médias de propagande russes, chinois ou turcs, ils sont souvent source de désinformation à propos de la France.
Nos médias doivent conserver leur indépendance et leur crédibilité. Il faut veiller à ce qu'ils ne basculent pas vers un modèle d'influence, et en particulier des financements d'État, ce qui pourrait leur nuire. Nous avions évoqué, auprès de la ministre, le modèle de financement de l'audiovisuel suédois, qui est à la fois original et indépendant. Pour l'instant, cela revient à avoir prêché dans le désert : aucune décision n'a été prise en ce sens.
Je reste néanmoins relativement optimiste car les représentants de la majorité me paraissent très soucieux de l'amélioration de la visibilité et des finances de notre audiovisuel extérieur. J'espère que nous pourrons proposer au Gouvernement une solution, que nous aurons définie collectivement, pour pérenniser notre audiovisuel extérieur. Il faut lui donner enfin ses lettres de noblesse pour nous permettre de rayonner à l'étranger. C'est particulièrement nécessaire en Afrique, où notre image est fortement dévalorisée.