Le coût de l'emprunt aurait été nettement moins élevé si 10 % de la dette publique n'avaient pas été contractés à un taux variable, indexé pour près du tiers sur le taux d'inflation français, et pour les deux tiers restant sur l'inflation européenne. À la fin de l'année 2022, le taux d'inflation de référence français atteignait 6 % et celui de la zone euro 9,3 %.
Monsieur le ministre de l'économie, votre décision a donc entraîné un coût supplémentaire de près de 16 milliards, soit 3,5 milliards pour les titres de dette indexés sur l'inflation française et 12,4 milliards pour ceux indexés sur l'inflation européenne. Si ces emprunts s'étaient vus appliquer le taux moyen pratiqué, comme pour les 90 % restants de la dette publique, le coût n'aurait été que de 2,5 milliards, soit une économie de 13,5 milliards par rapport à la situation actuelle.
Sans même prendre en compte la dette hors bilan, nul ne peut nier le niveau élevé de notre dette publique et de son coût lorsqu'on la compare à celles de l'Allemagne, des Pays-Bas, de l'Autriche et même à la moyenne de la zone euro – 91,2 % – ou encore au Brésil, à la Chine et à l'Inde si l'on étend notre grille de comparaison aux pays du G20.
Toutefois, il est important d'analyser nos choix en matière de politique monétaire et budgétaire chaque fois que nous avons été confrontés à des crises, et d'évaluer leur impact sur le niveau d'endettement public. Chocs pétroliers en 1973 et 1979, krach boursier de 2000 à 2002, crise des subprimes en 2008, crise des dettes souveraines en 2011, pandémie de covid-19 en 2020 : chaque crise économique a conduit à des politiques de relance qui ont elles-mêmes entraîné l'expansion de la dette publique, à laquelle vous tentez de remédier par de nouvelles politiques d'austérité, malgré l'échec de toutes les précédentes.
Que de persévérance dans l'échec ! De fait, monsieur Le Maire, vous vous entêtez. Après le « quoi qu'il en coûte » et l'activation de la clause dérogatoire du pacte de stabilité jusqu'à la fin de cette année, place au discours sur le retour à l'équilibre budgétaire avec pour objectif de revenir sous la barre des 3 % de déficit public en 2027, objectif qui implique de faire, dans un contexte de faible croissance, des économies de 9 milliards d'euros par an jusqu'en 2027.
Nous, écologistes, sommes convaincus de l'urgence d'en finir avec ce capitalisme sous perfusion permanente qui est nuisible pour les comptes publics et de mener une politique axée sur les besoins écologiques et sociaux, qui prévoie des dépenses publiques à la hauteur de ces enjeux, car c'est le seul moyen de nous prémunir contre les crises qui plongent régulièrement notre pays…