Intervention de David Guiraud

Séance en hémicycle du mardi 17 octobre 2023 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDavid Guiraud :

Il y a en France des coins entiers où tout a été abandonné ; cela concerne sûrement certaines de vos circonscriptions. Je croyais que vous en aviez quelque chose à faire !

Tout à l'heure, le Gouvernement a dit que la nation doit se reconstruire par le travail et par l'effort. Nous lui recommandons de s'appliquer ces principes : ce n'est pas sérieux d'être aussi aléatoire et approximatif dans les prévisions et dans l'engagement des dépenses. Vous affirmez qu'il n'existe pas de majorité alternative, mais il n'existe même pas de majorité ! À toutes les oppositions, qui soulignent l'insincérité de vos projections de croissance, vous répondez qu'il faut vous croire. Mais elles sont insincères depuis des années et l'expérience – pas un sentiment, pas un instinct – nous montre que vous vous êtes lamentablement plantés, en particulier sur les prévisions d'inflation. Vous devriez donc commencer par écouter ce que vous disent les oppositions : aussi longtemps que les prévisions de croissance et d'inflation ne seront pas sérieuses, votre budget ne pourra pas passer, parce qu'il implique une cure d'austérité sans précédent, le désarmement des services publics, ainsi que d'autres conséquences que vous ne semblez malheureusement pas enclins à entendre.

Selon M. Cazenave, le déficit diminuera. Non, il ne diminuera pas, parce que les collectivités territoriales sont à l'os, alors qu'elles sont les premiers investisseurs du pays. Dans ces conditions, l'activité économique ne reprendra pas. Vous connaissez l'état des secteurs du logement et de la construction : le marché n'est pas en mesure de régler leurs problèmes. L'État doit intervenir, notamment pour investir massivement dans la rénovation thermique des bâtiments ; sans un investissement massif de l'État, rien ne sera fait. Un dogme vous aveugle ; le marché ne peut plus régler les soubresauts économiques que notre pays affronte. La puissance publique, la solidarité et la redistribution des richesses le peuvent. Ces mots vous sont peut-être inconnus, mais votre monde idéologique est en train de s'effondrer.

Vous allez nous dire que le budget de l'État est à l'euro près et que le déficit continuera à diminuer. Vous serez tout de même contraints de faire survivre quelques services publics, sans lesquels l'État et la société s'écrouleraient, parce que notre pays s'est construit sur un service public fort, dont les acteurs sont solides et tiennent debout pendant les crises, comme celle du covid, et défendent les conditions de vie des Français. Il est regrettable que vous passiez à côté de cette réalité ; il est regrettable que nous ne soyons pas écoutés.

Nous aurions préféré une autre façon de faire, mais vous ne nous laissez pas d'autre choix que le dépôt d'une motion de censure, puisqu'un 49.3 nous empêchera de voter ce projet de loi. Vous allez tout prendre et tout jeter ! Pour changer d'optique, pour changer de monde, pour faire en sorte que la France redevienne solidaire et redistribue les richesses, nous assumons notre volonté de vous faire tomber. Nous y sommes prêts, avec la motion de censure que nous déposerons à la suite de votre recours au 49.3.

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