Pour la première fois, le budget de l'État baisse en valeur – il s'agit d'une austérité historique. En tenant compte de l'inflation prévue en 2024, cela correspond à un repli réel de 3,5 % des dépenses publiques.
À l'heure où d'immenses défis climatiques, géopolitiques, économiques et sociaux se dressent devant nous, une telle contraction de la dépense et de l'investissement publics est irresponsable. Elle risque de mener le pays aux pires difficultés et d'accroître encore un peu plus la précarité et l'appauvrissement général des Françaises et des Français.
Quelque 9 millions de personnes sont déjà en situation de privation matérielle et sociale, ce qui représente 14 % de la population, le niveau le plus élevé jamais atteint par cet indicateur depuis que l'Insee le calcule. Un Français sur six ne mange pas à sa faim et doit sauter des repas, selon le rapport publié par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) en mai 2023.
L'inflation fait des ravages sans précédent et les salaires ne suivent pas. Cette inflation ne vient pourtant pas de nulle part. En ce qui concerne les produits alimentaires, elle s'explique à plus de 70 % par l'augmentation des marges des entreprises du secteur. En refusant d'agir contre l'avidité sans limite des actionnaires, le pouvoir exécutif a abandonné les Françaises et les Français à l'arbitraire du marché.
Le Gouvernement a donc une responsabilité immense dans cette situation. En multipliant les petits chèques temporaires, qui ont fini dans les poches des industriels et en continuant sa folle politique de l'offre plutôt que de prendre des mesures structurelles contre la hausse des prix, l'exécutif a laissé filer l'inflation tout en dégradant les finances publiques. Cette politique est un échec, comme nous le disons depuis plus d'un an.
Arrivé en bout de course, enfermé dans un entêtement absurde, l'exécutif ne se donne plus qu'un objectif : redresser les comptes publics par une austérité mortifère. Pourtant, les solutions existent pour mettre un terme à la spirale infernale de la précarité et de l'exclusion dans laquelle tant de nos compatriotes sont plongés. Depuis plus d'un an, nous défendons de nombreuses propositions auxquelles ce Gouvernement et la minorité parlementaire répondent avec mépris.
Nous avons proposé un blocage des prix financé par les marges des distributeurs ; vous avez préféré demander et encore demander un geste de leur part, qui ne viendra jamais. Nous avons rappelé sans cesse l'importance des services publics dans la lutte contre la pauvreté ; vous les laissez s'effondrer. Nous avons mis en avant des mécanismes pour protéger nos compatriotes des dysfonctionnements manifestes du marché, tels que la gratuité pour les premiers mètres cubes d'eau ou l'extension des tarifs réglementés de l'énergie ; vous les avez balayés.
Si vous aviez au moins appris de vos erreurs ! Mais non : ce budget austéritaire est dans la continuité de la politique menée au cours des dernières années. Vous persistez à foncer tête baissée, guidés par votre seule boussole austéritaire, à mesure que le mur se rapproche, inexorablement. Ce budget découle des objectifs absurdes de réduction à marche forcée du déficit, inscrits dans la loi de programmation des finances publiques que nous avons rejetée par deux fois avant que vous ne l'imposiez par recours à l'article 49.3 de la Constitution. Est-ce donc votre seul projet pour le pays : l'austérité comme seul avenir ? Quel est l'intérêt de comptes à l'équilibre si ceux-ci doivent engendrer le déclassement du pays et l'enfoncement dans la misère pour les plus modestes ?
En ce qui concerne les recettes de l'État – objet de cette première partie du PLF –, vous ne prenez pas non plus la mesure de la catastrophe en cours. Au contraire, votre projet se contente de pérenniser et d'approfondir tout ce qui n'a pas fonctionné depuis six ans.
Que trouve-t-on dans ce PLF ? De nouvelles baisses d'impôts pour les entreprises. La suppression graduelle des 50 % restants de la CVAE est un non-sens absolu alors que les aides publiques aux entreprises représentent déjà 205 milliards d'euros par an, dont plus de 80 % sous forme de niches fiscales et d'exonérations de cotisations sociales.