« Baisser la facture énergétique des Français et des entreprises sur le territoire national » : nous sommes d'accord. L'année dernière, vous nous avez fait le coup de la proposition de loi visant à favoriser et inciter les entreprises à augmenter les salaires nets de 10 % : nous étions d'accord aussi.
Vous choisissez des titres auxquels tout le monde ne peut que souscrire. C'est une façon de faire de la politique. Hélas, de la simplification au simplisme, il n'y a pas loin. Je ne doute pas de la bonne foi du rapporteur, qui veut sans doute sincèrement baisser la facture énergétique, mais il faut être sérieux.
La question de l'énergie est complexe. Elle n'est pas franco-française. Le mythe de l'indépendance énergétique de la France, il faut y renoncer : en réalité, nous sommes interconnectés et interdépendants. Cela ne fait pas plaisir à certains, leur allergie à l'Europe s'en trouve ravivée, soit ! Il ne faut pas pour autant céder à la facilité.
Sur tous les bancs de cette assemblée, des voix se sont élevées pour dire que l'Arenh ne fonctionnait pas, et même qu'on marchait sur la tête. Vous vous êtes donc dit qu'avec votre proposition de loi, tous les groupes seraient bien embêtés. Nous le sommes car il faut, pour éviter le simplisme, prendre le temps de la réflexion – que vous, vous ne prenez pas car le sujet, en réalité, ne vous intéresse pas.
Ce qui vous intéresse, c'est la communication à l'extérieur de ces murs. Vous avez envie de pouvoir dire que vous avez déposé une proposition de loi pour baisser la facture énergétique et qu'elle a été rejetée parce qu'elle vient du Rassemblement national. Or si nous voulons la rejeter, c'est parce qu'elle procède d'un raisonnement simpliste.
La sortie sèche de l'Arenh qui est proposée aggraverait encore les difficultés d'EDF et fragiliserait ses investissements. Elle mettrait en cause dans l'immédiat notre efficacité et, pire, la capacité de la France et de l'Europe à discuter d'un marché européen de l'énergie. Vos raisonnements simplistes, qui ne servent qu'à parler à l'extérieur et qui ne sont sympathiques que sur le papier, me fatiguent.
Quant aux TRV du gaz, tout le monde trouve qu'il faut faire quelque chose, mais les spécialistes et certains orateurs qui m'ont précédé ont eu l'occasion de dire que le sujet n'est pas aussi simple qu'il n'en a l'air.
Chers collègues du Rassemblement national, il faut vraiment vous dire que les questions énergétiques françaises ne peuvent pas être traitées dans un cadre franco-français, et que parler de la fixation du prix de l'énergie dans ce cadre est une blague. C'est très bien de faire preuve de détermination et de vouloir agir seul, mais dès lors que l'on est dépendant des autres, il faut se placer en situation de discussion et de négociation.
Je déplore que votre approche soit simpliste, car le titre de la proposition de loi donnait envie d'aller plus loin. Malheureusement, vous tirez à côté de la cible – mais je doute que vous cherchiez à l'atteindre : votre objectif, c'est juste quelques électeurs à contenter.