J'ai prêté serment. Vous faites une comparaison étonnante en disant qu'il faut parfois commettre des actions illégales pour faire progresser le droit. Vous comparez la situation actuelle à une époque où nous étions en monarchie absolue, sans séparation des pouvoirs et sans élections libres. Les représentants qui ont fait le serment du Jeu de Paume et qui ont refusé de déférer à l'ordre de dispersion du roi que leur apportait le marquis de Dreux-Brézé n'avaient pas été élus dans le cadre d'une élection libre et disputée, dans laquelle chaque voix a la même valeur, où celle de M. Pouyanné vaut la mienne, celle de ma mère et celle de votre voisin. Tout le monde ne pouvait pas se présenter aux élections. Il n'y avait pas ni liberté de manifester ni liberté de la presse, pas plus que de liberté religieuse, de liberté de s'opposer ou de faire valoir ses droits avec des avocats de la défense. Bref, il n'y avait pas de démocratie.
Vous comparez donc la prise de la Bastille avec Sainte-Soline dans une démonstration ubuesque, en expliquant qu'on a le droit de faire des choses violentes pour faire progresser le droit. Aujourd'hui, nous avons la séparation des pouvoirs, une Constitution, des élections libres et disputées. Vous pouvez dire n'importe quoi à un ministre devant une commission d'enquête sans qu'il ne se passe rien. Fort heureusement !