Monsieur le ministre, je vous remercie d'avoir évoqué abondamment la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Comme je vois que vous êtes un amoureux de l'histoire, je me permettrai de rappeler que ce texte est l'enfant d'une longue suite d'illégalités particulièrement graves, dont la prise de la Bastille, qui était légitime mais illégale, et la désobéissance au roi, elle aussi légitime mais illégale. À chaque fois que vous venez à l'Assemblée nationale pour les questions au Gouvernement, vous passez devant la magnifique sculpture représentant nos illustres prédécesseurs refusant de déférer à l'ordre de dispersion du roi, ce qui était illégal mais profondément légitime. L'article 9 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen esquissait déjà le principe de la violence légitime.
Comment expliquez-vous que des personnes puissent être gravement blessées, assommées, voire mutilées et ne fassent pas l'objet d'une interpellation ? Si quelqu'un est dangereux au point qu'il faille l'assommer pour le contrôler, il est difficile de comprendre qu'il ne soit pas interpellé. Comment expliquez-vous que des manifestants aient été laissés pour morts, qu'aucune interpellation n'ait eu lieu et que l'on n'ait même pas appelé les secours ?
Quels sont les éléments dont vous disposez au sujet des élus présents à Sainte-Soline ? Les observateurs de la Ligue des droits de l'homme ont mis tout leur matériel à notre disposition : sur les photos qu'ils ont transmises, on voit en effet des élus en train de protéger un îlot où sont concentrés des blessés qui bénéficient de soins. Avez-vous des éléments montrant que des élus auraient fait autre chose ? Vous avez évoqué une députée – je crois deviner qu'il s'agissait de Mme Lisa Belluco. Mais vous vous êtes trompé de date : c'était à l'automne 2022.