J'ai entendu mon collègue Ugo Bernalicis s'interroger tout à l'heure sur l'utilité des éléments que vous avez communiqués à la commission d'enquête, en se demandant s'il s'agissait d'une conférence de presse du Gouvernement. Je trouve, pour ma part, ces éléments très intéressants. Nous avons entendu la semaine dernière l'un des collectifs les plus en pointe dans la lutte contre les bassines. Ses représentants ont expliqué que les pierres se prenaient à même la terre à Sainte-Soline, parce que le changement climatique avait entraîné une érosion des sols et que les pierres s'y cueillaient comme des fleurs. Les boules de pétanque, les machettes et les haches avaient été saisies dans les coffres parce que l'État avait procédé à un grand nombre de fouilles de véhicules : il était tombé sur des bûcherons et des amateurs de pétanque. Je pense, monsieur Bernalicis, qu'il était important que le ministre de l'intérieur nous fasse part de sa vision.
Il y a eu 3 339 interpellations entre le 16 mars et le 3 mai pour plusieurs millions de personnes mobilisées dans les manifestations. Je ne sais pas si la proportionnalité est un terme à retenir dans notre futur rapport mais l'existence d'un ciblage est relativement incontestable.
Est-ce qu'une logique de désescalade est possible ? J'entends ce que vous dites, que l'on ne peut pas discuter avec les black blocs. Mais, si je me fais l'avocat du diable, est-ce qu'il ne revient pas à l'État, qui a le monopole de la violence légitime, de faire le premier pas dans une désescalade ? C'est ce que je me suis demandé, comme beaucoup, à la suite de l'audition de Bernard Cazeneuve, la semaine dernière, qui donnait d'ailleurs plutôt un satisfecit à votre gestion du maintien de l'ordre alors même qu'il ne vous soutient pas politiquement. Comment atteindre ce but ? Les Français s'inquiètent de la résurgence systématique de phénomènes de violences à l'occasion des manifestations. Est-ce que cela passe par des moyens intermédiaires renforcés – je pense notamment aux canons à eau ? Faut-il employer des forces non spécialisées dans le maintien de l'ordre pour renforcer celles qui le sont ?