À la suite de notre intervention auprès du cabinet de la Première ministre, les secours sont arrivés du département voisin. Ce sont des ambulances de la structure mobile d'urgence et de réanimation de la Charente, non des Deux-Sèvres, et de l'hôpital de Ruffec qui sont venues porter secours aux blessés les plus graves. Les camions de pompiers étaient pourtant à portée de vue, à moins d'un kilomètre !
Monsieur le rapporteur, vous avez posé la question de la violence. Je le répète : il y avait 30 000 manifestants parmi lesquels de nombreuses familles avec des enfants et des poussettes. Des fanfares étaient présentes. Ce n'était pas une manifestation de gens hostiles, haineux, venus en découdre. Effectivement, on ne peut contester que d'autres personnes, violentes, se sont greffées au cortège. Mais comment les juguler ?
Si nous avions été les organisateurs, aurions-nous annulé la manifestation ? Je ne peux pas me prononcer pour le parti. Je m'exprimerai donc à titre individuel. Vous avez dit que, le vendredi, l'ambiance commençait à devenir anxiogène. Pour ma part, je me rappelle l'arrivée, le vendredi soir vers dix-neuf ou vingt heures, des tracteurs de la Confédération paysanne. Ce n'était pas du tout anxiogène, mais très bon enfant. C'était une joie, une grande émotion de voir des paysans qui s'inquiètent de leur avenir rejoindre le mouvement. Évidemment, cela tranchait avec les cortèges de la FNSEA ! Quand vous manifestez avec des drapeaux de la FNSEA, au volant de tracteurs tirant des épandeurs de lisier et de fumier qui finiront sur des établissements publics, les forces de l'ordre vous escortent. Au contraire, quand arborez des drapeaux de la Confédération paysanne, elles vous empêchent de circuler. Quoi qu'il en soit, à ce moment-là, il n'y avait aucune raison d'annuler, et le samedi non plus, d'ailleurs.
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Melle le matin du dimanche 26 mars, tous les organisateurs, notamment Bassines non merci et certains syndicats dont la Confédération paysanne, ont dénoncé sans ambiguïté toute forme de violence. J'étais le seul élu présent mais une captation vidéo a été faite, que je vous invite à consulter. Je démens qu'il y ait eu des appels à la violence. Il ne fallait probablement pas annuler la manifestation. Peut-être aurions-nous dû modifier son déroulement et changer le parcours du cortège pour éviter le désastre que nous avons connu. Il faut dire que nous étions traumatisés, le dimanche matin, par ce qui s'était passé. Aussi les organisateurs se sont-ils engagés, lors de cette conférence de presse, à changer de mode opératoire en cas de nouveau rassemblement contre les bassines, considérant qu'ils ne pouvaient prendre le risque que se reproduisent des violences telles que celles auxquelles nous avions assisté. Ils ont tenu parole. Regardez comme le convoi de l'eau organisé à la fin du mois d'août s'est bien passé, dans un bon esprit : on n'y a pas vu de militants écologistes cherchant la confrontation avec les forces de l'ordre.
Ma réponse ne correspond peut-être pas à ce que vous vouliez entendre. Elle reflète ce que j'ai vécu à Melle. J'ajoute que les nombreuses conférences sur l'eau organisées la veille et le lendemain des événements de Sainte-Soline, c'est-à-dire les vendredi 24 et dimanche 26 mars, se sont parfaitement déroulées en lien avec les services de l'État et sans heurt avec les forces de l'ordre. C'est la preuve que les organisateurs sont aussi capables de préparer des événements de bonne qualité.