Intervention de Marine Tondelier

Réunion du jeudi 7 septembre 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts :

On a fait la même remarque à la Ligue des droits de l'homme. Dans tous les pays et toutes les zones de guerre, ses membres ont le statut d'observateur reconnu par le droit international. On le leur a dénié à Sainte-Soline. Heureusement pour les victimes en urgence absolue que la Ligue et des élus étaient là ! Si nous n'avions pas été présents pour appeler la Terre entière et faire venir des secours, combien de temps supplémentaire aurait-il fallu attendre ? Aurait-on su la vérité ? La réponse est non. Quand j'ai dit que les élus avaient été pris pour cible alors qu'ils étaient auprès des blessés, la préfète a répondu que ce n'était pas vrai et qu'elle avait la preuve qu'aucun tir ne les avait visés.

Je peux montrer des photos, à commencer par celle de la chaîne humaine que nous formions à treize heures cinquante-trois. Même des gens inexpérimentés en politique, montés sur un quad, sont capables de voir nos écharpes tricolores et de comprendre que nous sommes des élus. Les blessés allongés sont derrière. Sur une deuxième photo, vous pouvez voir les mêmes personnes trois minutes plus tard, après l'attaque de quads, sous les lacrymos. Jusqu'à ce que je pose sur le bureau de la Première ministre cette troisième photo montrant une grenade au-dessus de la tête de David Cormand, dont on voit bien qu'il est député européen, le ministre de l'intérieur n'a cessé de raconter qu'aucune grenade n'avait été tirée sur les élus ni sur les blessés. Si nous n'avions pas été présents, si nous n'avions pas témoigné avec notre force d'élus ou de chefs de partis, l'histoire n'aurait retenu que la version du ministre de l'intérieur selon laquelle aucune arme de guerre n'avait été utilisée. Pour les 30 000 personnes présentes, dont le traumatisme est réel, sérieux et persistant, c'était une double peine d'entendre continuellement les mensonges du ministre, en train d'écrire sa propre histoire.

Évidemment que certains membres des forces de l'ordre ont été attaqués ! Nous avons toujours condamné ces actions, pas seulement à Sainte-Soline. Tous les jours, dans toutes les émissions auxquelles je participais, on m'a demandé de m'excuser, en tant que cheffe de parti. On m'a aussi demandé si je condamnais les violences contre des policiers. À chaque fois, j'ai répondu par l'affirmative. On s'en est étonné et on a répliqué que c'était bien que je le dise. Je n'arrête pas de le dire ! Là n'est pas le problème : je m'excuserai, je m'expliquerai et je répondrai aux questions tant qu'il le faudra. Mais à quel moment a-t-on demandé au ministre de l'intérieur s'il condamnait les violences subies par les manifestants et s'il regrettait les scènes que nous avons vécues, avec des milliers d'autres, où des gens entre la vie et la mort étaient laissés sans soins pendant des heures ?

Quand vous rentrez chez vous, traumatisé après avoir vu passer toute la journée des corps dans un état que vous ne pouvez pas imaginer, que vous allumez la télévision et que vous voyez Gérald Darmanin expliquer qu'aucune arme de guerre n'a été utilisée, alors que vous en avez fait les frais et qu'il suffisait de regarder le ciel pour les voir, que seuls sept manifestants ont été blessés mais que les forces de l'ordre ont dû faire face aux assauts de milliers d'individus d'extrême gauche, alors que ces éléments n'étaient qu'une minorité parmi les 30 000 manifestants, ce n'est pas facile ! Le ministre de l'intérieur n'est pas le seul responsable de ce qui s'est passé, mais il ne peut s'exonérer de sa responsabilité. Or, je n'entends pas grand monde lui poser cette question et je ne l'ai jamais entendu y répondre.

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