Nous n'avons pas déposé de recours parce que nous n'étions pas organisateurs. En revanche, nous l'avons fait pour la manifestation contre le projet de ligne ferroviaire entre Lyon et Turin, qui a eu lieu plus tard. Lorsque la Première ministre m'a reçue, quelques jours après Sainte-Soline, elle nous a suggéré de co-organiser les manifestations suivantes pour qu'elles se passent bien.
J'ajoute que le droit s'est rigidifié et qu'il est plus facile désormais d'interdire des manifestations. S'agissant des Soulèvements de la Terre, il s'est passé deux mois entre la publication du décret de dissolution et l'ordonnance du juge des référés du Conseil d'État. Au bout de ces deux mois, on s'est aperçu que le dossier était à peu près vide. Peut-être que l'on savait que des black blocs seraient présents. Mais si l'État interdit des manifestations à chaque fois qu'ils se montrent, on ne va plus pouvoir beaucoup manifester ! S'ils sont venus, c'est parce que c'était la troisième manifestation et que le ton monte d'édition en édition.
Une manifestation antinucléaire était prévue à Bure début juin. Les militants locaux nous ont dit qu'ils avaient peur, après Sainte-Soline, d'être dépassés, surtout dans une forêt, et ils nous ont demandé d'être co-organisateurs. Nous avons accepté et nous avons finalement décidé, en accord avec eux, d'annuler la manifestation par crainte de heurts. Il en était question sur des tas de boucles de réseaux sociaux en Europe. Pour des antinucléaires, c'était dur de renoncer. À la place, nous avons organisé une réunion à Paris, dont personne n'a parlé puisqu'il n'y a eu ni manifestation ni affrontements. Telle est la dure réalité que vivent les écologistes et les militants de ce pays. C'est un peu triste.