Je tiens à disposition un tableau qui récapitule tous les recours déposés contre ces bassines et pour lesquels nous avons eu gain de cause. La mission d'information de 2021 avait fait beaucoup de propositions transpartisanes. Aucune n'a été suivie d'effet.
J'aimerais revenir sur l'épisode au cours duquel j'ai été prise pour cible dans le Lot-et-Garonne, quelques jours après Sainte-Soline. Si Serge Bousquet-Cassagne, le président de la Coordination rurale de ce département, était énervé, c'est qu'il pensait que je venais dénoncer le lac de Caussade alors que je me rendais dans une maternité menacée de fermeture à Villeneuve-sur-Lot. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le lac de Caussade est une retenue d'eau illégale qu'il a construite et achevée à la faveur de la crise sanitaire. Quand on demande aux autorités, qui ont interdit ce projet à plusieurs reprises, pourquoi il a pu voir le jour et pourquoi personne ne le conteste, on répond que cet homme sait mobiliser des agriculteurs et des chasseurs, qu'il a fait reculer des bataillons entiers de gendarmerie. On m'a signifié que, pour des raisons de tranquillité publique, il valait mieux le laisser faire. On m'a même conseillé de ne pas me rendre dans le Lot-et-Garonne en me disant qu'il était dangereux et armé. J'ai dit que je ne craignais pas d'être fusillée mais on m'a répondu qu'il pourrait tirer en l'air, que je ne connaissais pas le personnage. C'est ce qui m'a poussée à aller voir, ne serait-ce que pour soutenir mes collègues locaux. Si la cheffe du parti ne vient pas dans un département parce que c'est dangereux, qu'est-ce que cela signifie pour les habitants au quotidien ?
Ce monsieur m'a menacée à plusieurs reprises, sur du papier à en-tête de la chambre d'agriculture qu'il préside. Il y a bien deux poids et deux mesures. On s'en prend aux partisans de la désobéissance civile tandis que certaines personnes qui désobéissent d'une manière non pas civile, mais agressive, obtiennent gain de cause. Il faudrait faire la liste des actions de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Certaines relèvent de la désobéissance civile, par exemple le dépôt de ballots de paille devant une préfecture. Mais que dire de l'incendie du centre des impôts de Morlaix en 2014 ou de l'épisode où on a écrasé des ragondins avec un tracteur devant une préfecture ? Quelques jours après Sainte-Soline, l'Office français de la biodiversité a été pris pour cible par des fusées et il a brûlé en partie – en l'occurrence, ce n'était pas le fait de la FNSEA. Le lendemain, le ministre de l'agriculture était au congrès de la FNSEA et il n'a jamais été question de la dissoudre. Du reste, si j'étais ministre, je ne dissoudrais pas la FNSEA : il existe d'autres moyens pour régler les conflits. Il est essentiel de se parler et d'apaiser le débat.