Il est difficile pour nous de savoir si les groupuscules dont vous parlez sont organisés car nous ne fréquentons pas leurs membres. Toutefois, aujourd'hui, tous les mouvements sont capables de s'organiser en cinq minutes grâce aux réseaux sociaux.
Nous n'avons participé à aucune manifestation spontanée car les risques de violences y sont accrus puisqu'aucun service d'ordre d'organisation syndicale n'est présent. Dans les rassemblements déclarés, les manifestants sont encadrés du carré de tête à la queue du cortège. Je ne peux pas vous assurer qu'aucun des 150 000 adhérents de mon syndicat n'a participé à une manifestation spontanée, mais l'organisation n'y a jamais été représentée en tant que telle et n'a jamais appelé à y prendre part.
Les forces de l'ordre sont très nombreuses et elles passent des heures à fouiller des militants dont la tenue ne laisse aucun doute sur leur appartenance à un syndicat, alors que ce ne sont pas eux qui cassent des vitrines ou des abribus. Il serait préférable de sécuriser les rues parallèles au cortège. La CFTC n'emploie pas de professionnels de la sécurité, mais nos militants de la branche de la sécurité sont sollicités pour nous aider. Notre service d'ordre est frappé par l'afflux de personnes au point d'arrivée et de dispersion du cortège alors que celui-ci n'est pas encore parti. Ces centaines de personnes ne sont pas fouillées. La situation dégénère lorsque le cortège parvient au point d'arrivée puisqu'il rencontre un flux élevé de gens. C'est là qu'il faudrait agir.
Je ne veux évidemment réduire d'aucune façon la liberté de la presse. Mais il faut avoir conscience que les incendies de véhicules à Strasbourg la nuit de la Saint-Sylvestre ont, comme par hasard, étaient divisés par deux ou trois quand on a cessé de recenser les voitures brûlées. En se focalisant sur les violences, on oublie les revendications. J'ai l'impression que plus on montre de gens violents à la télévision, plus on suscite de vocations.