Le journaliste est plus habitué à exposer les problèmes qu'à réfléchir aux solutions, mais la FFF me donne l'impression d'être un petit milieu. À l'époque des faits que nous avons évoqués, le président de la Ligue de football professionnel, Frédéric Thiriez, avait appelé dans une tribune à la fin des polémiques – son propos ne portait pas sur la fin des discriminations. On parle parfois de la famille du football. Ce sont des gens qui se fréquentent et travaillent ensemble depuis des années, parfois des décennies. Ils statuent entre eux, se rendent des services. Lorsque l'un des leurs est mis en cause, ils font bloc, comme cela peut se produire n'importe où ailleurs. Il manque peut-être un regard extérieur, ce qui est une nécessité pour toute institution. On pourrait envisager qu'une autorité de tutelle, une Cour des comptes, examine les questions éthiques. À l'heure actuelle, il existe certes des plateformes, mais des blocages empêchent la remontée de l'information.
Quelques semaines après nos révélations sur le scandale des quotas, en mai 2011, a eu lieu la journée de détection de Clairefontaine – celle pour laquelle on avait demandé à Gérard Prêcheur de prendre des « vrais Français ». Dans tous ceux qui se sont présentés figurait un joueur français aux origines algériennes et camerounaises : Kylian Mbappé. Si les quotas envisagés un mois auparavant avaient été appliqués, peut-être la FFF ne l'aurait-elle pas sélectionné, de crainte qu'il ne joue un jour pour l'Algérie ou le Cameroun ! On ne peut pas dire que ces gens soient guidés par l'intérêt du football français, puisqu'ils prennent le risque de passer à côté de talents exceptionnels. D'ailleurs, dans l'équipe qui a emmené la France en finale de Coupe du monde, il y a dix Noirs sur onze joueurs. Mais même un argument aussi rationnel que celui-là est difficile à faire entendre.