Nous accueillons deux journalistes d'investigation travaillant pour Mediapart, M. Fabrice Arfi et M. Michaël Hajdenberg.
Messieurs, je vous souhaite la bienvenue à l'Assemblée nationale et vous remercie vivement de votre disponibilité pour répondre à nos questions.
Nous avons entamé les travaux de notre commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif le 20 juillet dernier. L'Assemblée nationale a choisi de créer cette commission d'enquête à la suite de très nombreuses révélations publiques de sportives et de sportifs et de divers scandales judiciaires ayant trait à la gestion de certaines fédérations, dont les médias, comme Mediapart, se sont fait l'écho.
Nos travaux se déclinent autour de trois axes : les violences physiques, sexuelles ou psychologiques dans le sport, les discriminations sexuelles et raciales qui y ont cours, et enfin les problématiques liées à la gouvernance financière des fédérations sportives et des organismes de gouvernance du monde sportif bénéficiant d'une délégation de service public.
Mediapart a révélé plusieurs affaires de violences sexuelles dans le sport depuis 2019, notamment au sein d'un club de natation de Clamart où était licenciée l'ancienne ministre des sports Roxana Maracineanu, et à Lyon, où un entraîneur a admis partiellement avoir commis des faits à l'égard de jeunes garçons avant d'être réemployé en Bretagne, en tant que dirigeant d'un club de tennis de table, peu après une condamnation à cinq ans de prison. Ce ne sont que des exemples parmi d'autres.
Vos articles, comme nos auditions de nombreuses victimes la semaine dernière, semblent démontrer l'existence d'un système, dans le milieu du sport, où les entraîneurs et les éducateurs peuvent violenter physiquement, psychologiquement et sexuellement des jeunes femmes ou des jeunes hommes pendant de très nombreuses années avant d'être dénoncés et, si les faits ne sont pas prescrits, sanctionnés.
De quelle manière, selon vous, les médias peuvent-ils contribuer à libérer la parole ? Pouvez-vous nous indiquer quelles démarches vous entreprenez lorsque vous apprenez, par le biais de lanceurs d'alerte, de telles violences ? Quelles suites y donnez-vous ?
La presse s'est également fait l'écho de scandales liés à la gouvernance dans plusieurs fédérations, par exemple celles de rugby et de football. En 2018, Mediapart a notamment participé aux révélations liées à l'enquête Football Leaks. Pouvez-vous résumer cette affaire ? D'après vous, les choses ont-elles évolué dans le bon sens depuis cette époque, tant au niveau des suites judiciaires qu'au niveau de la gouvernance du football ?
Avant de vous laisser la parole, je rappelle que l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes entendues par une commission d'enquête de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.