Combien de parents refusent de voir les signaux d'alarme, parce qu'ils veulent que leur enfant devienne un champion ? Nous avons vu de nombreux cas de parents – souvent des pères – qui avaient connaissance de mauvais traitements physiques, comme des régimes draconiens, et qui l'acceptaient, quand bien même l'entourage les alertait sur l'état de leur enfant – manque de sommeil, décrochage scolaire.
Nos actions de sensibilisation doivent donc aussi viser les parents, parce qu'en dehors des athlètes de haut niveau, ce sont des milliers d'enfants qui pratiquent en club sportif. Il n'est pas rare que nous interpelions les parents dans notre travail quotidien. Pour l'heure, il semble que le ministère n'ait pas les moyens d'agir à ce niveau.
La cellule manque de moyens. Par ailleurs, la question de la confiance que vous évoquez se pose aussi. Il faut cependant avoir conscience que la cellule a été créée récemment. Régulièrement, la cellule nous envoie des victimes ou des parents afin que nous les accompagnions dans une démarche auprès de la justice. Le problème, c'est qu'après un signalement, même si la présomption d'innocence prévaut, le ministère est forcé de prendre des mesures administratives. Il y a une forme d'ambiguïté : si le ministère prend des mesures d'éloignement, l'administration est forcée d'entendre la victime, qui doit également être auditionnée par les enquêteurs. Or nous préfèrerions ne pas faire répéter l'enfant, qui doit en outre être entendu par des professionnels formés au protocole du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD). Cependant, nous comprenons que les clubs et les fédérations tiennent à prendre des mesures immédiates pour écarter la personne mise en cause.