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Intervention de Martine Brousse

Réunion du mercredi 13 septembre 2023 à 9h00
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Martine Brousse, présidente de l'association La Voix De l'Enfant :

Depuis sa création il y a quarante-trois ans, La Voix de l'Enfant est engagée dans la défense de l'enfance. Nous sommes partie civile dans plus de soixante dossiers, dont certains concernent des animateurs dans des clubs sportifs.

La Voix de l'Enfant est une fédération de soixante-quinze associations qui interviennent en France et dans le monde, et, pour certaines, dans le domaine de la prévention.

L'un des axes prioritaires de La Voix de l'Enfant est la création des unités d'accueil pédiatrique des enfants en danger (Uaped). Par ce dispositif, nous avons instauré en pédiatrie des salles d'audition où l'ensemble des professionnels concernés – magistrats, enquêteurs, pédiatres, psychologues – travaillent en pluridisciplinarité. En effet, sans lieux ni professionnels pour recueillir la parole des enfants, les campagnes d'information et les diverses annonces ne servent à rien.

Depuis plus de trois ans, nous collaborons étroitement avec le ministère des sports – à la fois avec les ministres, mais aussi avec M. Bonvallet et Mme Bourdais – pour travailler auprès des fédérations et des clubs sportifs. Nous sommes ainsi un fil conducteur dans les signalements : dès que nous sommes informés d'une situation, nous entrons en contact avec la cellule Signal-sports du ministère. Ces contacts sont réguliers, à hauteur de deux à trois fois par mois. L'éducation nationale devrait d'ailleurs se doter de ce modèle unique, qu'il faut désormais renforcer en lui donnant davantage de moyens. En effet, les clubs sportifs comptent des milliers d'enfants, mais aussi de bénévoles – au-delà des seuls entraîneurs –, qui peuvent être victimes ou auteurs de violences.

Certes, le ministère a ouvert l'accès au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais), mais sa consultation reste un véritable parcours du combattant pour les plus petites associations sportives ; lorsqu'elles se tournent vers les mairies, ces dernières ignorent souvent la marche à suivre. Là encore, il faut simplifier les démarches afin qu'au moment de recruter un bénévole, un animateur ou un éducateur sportif, les associations puissent savoir si cette personne a été condamnée pour violence, sans avoir à en connaître la nature précise – physique, sexuelle ou psychologique.

Il est important que l'encadrement dans les clubs sportifs soit informé, car il ne lui est pas demandé de recueillir la parole de l'enfant – ce rôle est celui des professionnels, des psychologues et des pédopsychiatres, dans un lieu donné. Le ministère des sports a édité et diffuse un guide sur les bonnes pratiques et les démarches à entreprendre, qui comporte une « fiche réflexe » sur la réaction à adopter face à des révélations. Elle est adaptée aux différents publics, mais le fond reste le même. L'ensemble des professionnels – bénévoles, salariés – doivent être informés de ce qu'ils peuvent faire ou non, car ils l'ignorent trop souvent et appellent nos associations ou le 119. C'est ce type d'actions que nous devons démultiplier en France.

À la demande du ministère, La Voix de l'Enfant assure également des formations dans les centres de ressources, d'expertise et de performance sportive (Creps) ainsi que dans les fédérations. Nous avons ainsi récemment été contactés par la fédération de volley, et sommes intervenus auprès des fédérations de football et d'escrime.

La parole des victimes se libère, certes ; mais faisons en sorte que les professionnels qui les accompagnent puissent recevoir cette parole et les orienter vers les personnes et les services compétents. Ce n'est pas aux animateurs de jouer aux magistrats, aux psychologues ou aux policiers. Trop souvent, les enquêteurs, et notamment les gendarmes, constatent que lorsqu'un jeune vient témoigner auprès d'eux, il sait déjà ce qu'il doit dire, tant il a déjà été entendu – jusqu'à onze fois, pour l'un de ceux que nous accompagnons.

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