Je suis psychologue au sein de l'unité médico-judiciaire de l'Hôtel-Dieu et présidente de l'association Contre les Violences sur Mineurs. Créée en 2008, elle est issue de la volonté de professionnels de l'enfance de se réunir pour aider autrement les victimes rencontrées en consultation. L'association réunit ainsi une trentaine de professionnels de l'enfance.
Vous avez évoqué l'omerta et le tabou qui entourent les violences sexuelles. Une première étape me semble franchie, celle de la libération de la parole ; mais encore faut-il que les adultes l'entendent et agissent pour protéger les mineurs. C'est la mission que s'est donnée le CVM. Nous sommes tous concernés de près ou de loin, et l'enjeu est celui de la responsabilité citoyenne. Le CVM se veut donc une boîte à outils de référence pour agir contre les violences sur mineurs.
Notre objectif – peut-être vous paraîtra-t-il utopique – est que les mineurs victimes de violences soient écoutés, protégés et accompagnés, et que les adultes témoins puissent être acteurs de cette protection des enfants. Les expériences dont vous ont fait part les victimes auditionnées la semaine dernière vous ont montré que les témoins de ces violences n'ont pas pu – ou pas su – protéger ces mineurs. Enfin, nous souhaiterions que tous les citoyens soient sensibilisés et vigilants face à cet enjeu sociétal.
Notre action est principalement centrée sur la transmission de l'information, que nous voulons claire, simple, non passionnelle, appuyée sur la recherche scientifique, non culpabilisante et enfin gratuite. Tous nos outils sont disponibles sur internet. Il s'agit d'informer les citoyens et de leur donner les moyens d'agir. Nous sommes donc complémentaires des autres associations présentes, qui sont, elles, actives sur le terrain.
Notre principal outil est notre site internet, où nous référençons des ressources numériques disponibles et diffusons celles que nous créons. Sur notre chaîne YouTube, vous trouverez une série de tutoriels d'information sur les violences sexuelles : « c'est quoi le viol ? » – qui a enregistré plus de 800 000 vues –, « c'est quoi la pédopornographie ? », « c'est quoi le harcèlement sexuel ? », « c'est quoi l'inceste ? ». Plus récemment, nous avons réalisé une recherche-action sur la prostitution des mineurs et avons publié une mallette pédagogique de sensibilisation. Nous travaillons sur ces thématiques avec l'association Colosse aux pieds d'argile, dont vous avez auditionné le directeur et le directeur adjoint, MM. Sébastien Boueilh et Simon Latournerie, et qui diffuse nos outils lors de ses interventions.
Nous sommes en lien avec le ministère des sports depuis fin 2019. Nous avions participé à la première Convention nationale de prévention des violences sexuelles dans le sport. Je tiens à souligner les efforts de ce ministère, initiés notamment par Mme Roxana Maracineanu. Nous étions également présents à la quatrième et dernière Convention en juillet, avec Mme Oudéa-Castéra.
Nous sommes conventionnés pour participer à la création d'une boîte à outils de prévention. Nous avons participé à l'élaboration d'un guide d'audition en enquête administrative, afin de simplifier l'information. Avec l'association L'Enfant Bleu, nous avons réalisé un tutoriel – qui existe également au format papier – « Enfants, ados, adultes victimes de violences dans le sport : des professionnels peuvent aider » afin de clarifier le rôle de chacun dans ces procédures et de rappeler les aides disponibles. Cette année, nous souhaiterions étoffer cette boîte à outils par des vidéos de témoignages.
Nous travaillons étroitement avec M. Laurent Bonvallet, chargé de mission Éthique du sport, prévention des violences et déploiement territorial, et Mme Fabienne Bourdais, déléguée ministérielle à la lutte contre les violences dans le sport, dont je tiens à souligner le travail remarquable – bien qu'une réflexion sur les moyens à leur disposition me paraisse nécessaire. En effet, si cette boîte à outils a été transmise à tous les services départementaux à la jeunesse, à l'engagement et aux sports ( SDJES ), il conviendrait désormais de la soutenir avec des moyens humains afin que chacun puisse se l'approprier et la diffuser sur son territoire.