Intervention de Arnaud Le Gall

Réunion du mercredi 4 octobre 2023 à 15h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Le Gall :

L'heure est venue de faire un bilan de notre action en Afrique. Il y a neuf ans, lors du passage de l'opération Serval à Barkhane, des responsables politiques avaient émis de nombreux doutes en raison d'un aveuglement devant les dimensions politique, économique, sociale et écologique de la crise sahélienne mais aussi en raison de l'absence d'enseignements tirés des échecs flagrants de certaines guerres asymétriques, comme celle que les États-Unis avaient menée en Afghanistan.

Puis, quand la France, initialement accueillie en sauveuse au Mali, a été très injustement désignée comme responsable de tous les maux, nombre d'observateurs et d'acteurs politiques ont alerté sur la nécessité d'en tirer des conclusions, mais il n'y a jamais eu de débat. Pendant des années, nous avons entendu que l'opération Barkhane était un succès. Or les succès tactiques, et je rends ici hommage à nos soldats, ne pouvaient masquer la multiplication des groupes armés violents, qui était déjà en cours avant les coups d'État, même s'il est vrai que la situation s'aggrave depuis.

Malgré ces alertes quant à la colère croissante des populations face aux régimes locaux, qui rejaillissait sur notre pays, perçu comme un soutien de ces régimes, nous avons fermé les yeux, jusqu'aux coups d'État, dénoncés à juste titre. Mais je rappelle que, dans un même temps, nous adoubions le fils Déby au Tchad, ce qui nous a valu de nous faire traiter d'hypocrites.

Au lieu de tirer des enseignements, l'Élysée s'est enfermé dans une explication ne mobilisant que la propagande russe. Mais comment une partie de la population de ces pays est-elle devenue sensible à cette propagande grossière ? Notre pays se retrouve dans une situation difficile que nous voyons venir depuis des années, sans que cela ne provoque de débat.

En ce qui concerne le Niger, nous avons répété « nous ne partirons pas » et puis nous sommes partis. Comment expliquer une telle gestion en matière de communication ?

Je finirai en citant une phrase extraite d'une tribune signée par des chercheurs, des représentants d'ONG et de syndicats ainsi que des acteurs des sociétés civiles sahéliennes : « Nous n'attendons pas de la France qu'elle trouve seule des solutions aux défis du Sahel mais elle peut, elle doit soutenir un autre processus de reconstruction qui prenne en compte les aspirations des Sahéliens et des Sahéliennes, pas seulement celles de ceux qui les dirigent. La fin programmée de “Barkhane” doit être l'occasion de faire émerger un débat sur l'avenir du rôle de la France dans la région et de demander des comptes sur les choix politiques pris ces dernières années. ».

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