En réalité, en ouvrant le marché de la formation professionnelle, vous avez désigné les titulaires du CPF – un porte-monnaie – comme des clients à séduire et à hameçonner. Dans ce secteur, les dépenses de marketing font l'objet d'une véritable débauche : chaque organisme cherche à s'imposer dans la course à l'échalote, et c'est autant d'argent destiné à la formation professionnelle qui n'y est pas consacré. Nous courons ainsi le risque d'un abaissement programmé de l'offre de formation, ou tout du moins d'une formation à deux vitesses. Les formations aux langues étrangères et au permis de conduire ont déjà pris le dessus : elles sont sans doute utiles dans la recherche et l'exercice d'un travail, mais elles ne correspondent pas nécessairement à une formation professionnelle qualifiante. Les salariés, les entreprises et la société tout entière ont pourtant besoin de voir s'élever le niveau de qualification pour faire face aux défis de notre temps.
Le deuxième problème soulevé par la formation professionnelle est celui du respect du travail, des métiers et de l'humain au travail. En abaissant le contenu de la formation professionnelle, en se contentant de former à des compétences ciblées ou éparses, on forme simplement à l'exécution d'une tâche, on déqualifie, on ne crée pas les conditions de l'épanouissement au travail. Partout dans la société, nous observons la crise du travail, une perte de sens, de la souffrance et du travail gâché.
Dans la continuité de notre débat d'hier sur la validation des acquis de l'expérience (VAE), permettez-moi d'espérer que nous ne verrons pas croître le marché de la VAE au détriment des formations qualifiantes.