J'ai un profond respect pour vous, madame la ministre déléguée, et je reconnais bien volontiers votre combativité et la force de votre argumentation. Hélas, ce talent, vous ne l'avez pas mis au service de la défense de ce texte, ce soir, tellement vous n'y croyez pas vous-même.
Dans le meilleur des cas, cette petite loi sera inopérante et n'aura aucune conséquence sur l'inflation subie, vécue, qui fait mal aux vies de nos concitoyens. Vous avez refusé, pour faire face à l'inflation, de vous doter des leviers structurants que sont l'indexation des pensions et l'indexation des salaires sur les prix. Vous avez refusé de vous en prendre à la répartition de la valeur et à la répartition des marges. Vous avez refusé de réfléchir, le projet de loi de finances le montrera, à l'impérieuse nécessité d'instaurer une fiscalité différenciée pour les produits de première nécessité.
Dans le pire des cas, cette loi sera un prétexte pour les gros, dans un rapport de force inversé avec les producteurs agricoles à taille humaine, pour exercer une pression à la baisse sur des prix rémunérateurs – lesquels ne remplissent même pas leurs objectifs.
Vous avez refusé, avec le soutien zélé des députés du Rassemblement national, de sortir les producteurs laitiers de cette mauvaise loi alors que notre souveraineté alimentaire, dans ce domaine, est en péril. Le journal Les Échos a indiqué que d'ici 2027, si la courbe n'est pas inversée, nous devrons importer du lait, ce qui est inacceptable pour le Normand que je suis.
Une loi pour rien, une loi qui risque d'appauvrir encore davantage ceux qui n'ont rien, une loi incapable de protéger ceux qui recevront l'uppercut de l'inflation : votre attachement aux dogmes libéraux du laisser-faire, votre refus d'incarner un État stratège, qui protège et régule en réaffirmant la primauté de la loi, vous auront empêchés d'être efficaces.
Pour toutes ces raisons, le groupe Gauche démocrate et républicaine – NUPES s'opposera à cette mauvaise petite loi.