Cet hémicycle est le théâtre de bien des négociations. Il en existe un tout autre : celui des box de négociation, dans lesquels fournisseurs et distributeurs s'épuisent, des heures durant et dans des conditions difficiles – souvent au-delà de minuit –, avant le 1er mars de chaque année. Par ce projet de loi, qui donne à réfléchir sur les relations commerciales entre distributeurs et industriels, le Gouvernement a souhaité avancer l'échéance des négociations commerciales entre les distributeurs et les multinationales au 15 janvier, tout en laissant les PME et les ETI négocier jusqu'au 1er mars, espérant ainsi faire plus rapidement baisser les prix pour les consommateurs.
Le groupe Démocrate propose au contraire de valoriser les PME et les ETI. Connaissant bien le sujet, je sais combien il leur est difficile, face aux multinationales, de trouver leur place dans les rayons. L'objectif des négociations consiste à négocier un prix en échange de contreparties ; si ce texte demeure en l'état, les PME et les ETI ne pourront négocier leur place de manière équilibrée en passant après les grandes marques.
C'est d'autant plus vrai cette année : le contexte de taux d'intérêt élevés va inciter les distributeurs à limiter leurs stocks, encore plus qu'à leur habitude ; ils choisiront des produits à forte rotation, réduiront l'offre et la concentreront sur les meilleures ventes des multinationales, restreignant drastiquement l'offre des petites marques. Or les consommateurs apprécient aussi la diversité qu'ils trouvent dans les rayons grâce aux produits locaux et aux produits de PME françaises. Le modèle économique actuel favorise particulièrement les distributeurs et les multinationales. En tant que parlementaires, il est de notre responsabilité de nous saisir de ce sujet afin de protéger les consommateurs.
Par ailleurs, la politique des prix bas, défendue avec force par certains distributeurs, dessert la santé des Français. À cet égard, je tiens à signaler la dernière campagne publicitaire de l'enseigne Leclerc, qui invite ses clients à sacrifier une alimentation de qualité pour faire de petites économies pouvant ensuite être répercutées sur des loisirs, sans tenir compte du temps long et de l'impact de la malbouffe sur la santé.