Tout d'abord, sur le fond, vous ignorez les conclusions d'économistes dont les positions sont pourtant, a priori, proches des vôtres. Alors qu'une étude du FMI parue cet été indique que « la hausse des bénéfices des entreprises a été le principal moteur de l'inflation en Europe au cours des deux dernières années », vous refusez de vous saisir des questions posées par ces profits, ces superdividendes. Pourtant, l'inflation fait mal aux vies ; ses effets se lisent au quotidien sur le visage de nos concitoyens.
De même, récemment, par la voix de son chef économiste, la BCE a souligné que l'inflation n'est pas liée à l'augmentation des salaires, mais aux marges des entreprises. Votre refus idéologique – comment le qualifier autrement ? – de vous attaquer à la répartition des marges est donc l'illustration d'un renoncement à lutter efficacement contre une inflation qui s'enkyste.
Et que dire des dégâts collatéraux du texte ? Je vous le demande solennellement, sortez les produits laitiers de ces négociations anticipées : l'agriculture risque d'être fragilisée par ce projet de loi, et le lait profondément bousculé par les négociations, dont les bénéfices risquent d'être inversement proportionnels à l'effort des agriculteurs. Ainsi, chez moi, dans le pays de Bray, Danone achète le litre de lait 41 centimes aux agriculteurs. Je vous mets au défi de le trouver à ce prix-là dans n'importe quel magasin de Dieppe ou des alentours. Cela signifie que deux ou trois acteurs font leurs marges et se gavent au passage, au détriment de ceux qui assurent notre souveraineté alimentaire et des Français qui n'en peuvent plus de se serrer la ceinture.
Tout milite donc pour que nous votions cette motion de rejet préalable.