La question des pesticides soulève de nombreuses difficultés. Alors que les précédents intervenants nous ont invités à ne pas généraliser, qu'il s'agisse de l'eau, de l'air ou des comparaisons entre les différentes molécules, il me semble que c'est ici un peu le contraire : après nous avoir dit que les cultures les plus consommatrices de pesticides étaient la pomme et la pomme de terre, on n'a cessé de parler de grandes cultures et de rotation des cultures. Or on n'utilise pas le même type de produits et les systèmes de culture n'ont pas le même pas de temps. Face à la variabilité de l'agriculture, on regroupe toutes les données, on calcule des sommes et on en tire des généralisations globales. C'est là l'une des grosses difficultés que nous rencontrons.
Plus encore, et comme je l'avais relevé à l'occasion d'une des premières interventions consacrées à l'évolution de l'agriculture, on a tendance à dire que l'agriculture évolue de plus en plus vers la monoculture et les grandes cultures, mais l'évolution des chiffres du recensement général agricole entre 2010 et 2020 – que j'invite tous les membres de la commission à consulter – fait apparaître une baisse de près de 300 000 hectares pour les céréales et une augmentation des superficies toujours en herbe. On observe donc des évolutions de l'agriculture qui ne correspondent pas nécessairement à ce qu'on nous décrit en termes généraux. Chaque fois que l'on parle des pesticides, on en parle à une échelle générale en prenant les grandes cultures pour exemple, mais ce ne sont pas les seules qui existent dans notre pays ni celles qui utilisent le plus les pesticides. À cela s'ajoute le fait que, comme cela a été dit auparavant, on ne peut pas comparer l'impact sur l'environnement des diverses molécules.
Ce qui m'intéresse avant tout, en tant que citoyenne, est moins la quantité des produits phytosanitaires que leur impact sur l'environnement et la santé. Le débat n'est pas à la hauteur des enjeux. En tant qu'ingénieure agronome, je m'adresse à l'ingénieur agronome : que peut-on faire d'autre que ce qu'on a fait jusqu'à présent pour rendre cette question compréhensible pour le grand public, sans en rester à de grandes idées simplistes qui ne font pas avancer la question ?