Je suis d'accord quant à l'importance des avertissements du Bulletin de santé du végétal (BSV). Il me semble cependant que, par rapport à ce que nous avons connu en 2008, de très gros progrès ont été accomplis, même si la situation est loin d'être satisfaisante. La différence est en effet beaucoup plus grande entre rien et ce qui existe aujourd'hui qu'entre ce qui existe aujourd'hui et la perfection. Je n'ai toutefois pas suivi cette question avec assez de précision pour vous dire comment améliorer la situation ou si les moyens disponibles sont suffisants, et j'espère que vous aurez affaire à des spécialistes mieux informés que moi des derniers développements en la matière.
Cependant, à ma connaissance, un énorme progrès a été réalisé, notamment pour rassembler les acteurs qui assuraient cette prestation, dans un remarquable effet de fédération. Il arrive pourtant parfois qu'un agriculteur ayant accès aux avertissements augmente ses traitements, ce qui signifie donc que les avertissements ne suffisent pas à eux seuls. Sans entrer dans le détail, il existe d'autres aspects. Tout le système d'exploration et de démonstration du dispositif Dephy, avec ses 3 000 exploitations participantes articulées aux 30 000 autres, est très important pour montrer non seulement que les avertissements sont utiles, mais qu'il faut leur adjoindre d'autres éléments pour parvenir à une réduction.
Quant à la rémunération de l'agriculteur, j'y ai fait allusion en évoquant un moment auquel les concepteurs du plan Écophyto n'ont pas pensé : celui où l'agriculteur – je parle sous le contrôle de M. Turquois, qui vous le raconterait d'une façon beaucoup plus vivante que moi – s'assied à sa table de cuisine ou à son bureau pour définir son assolement de l'année. Il fait la liste des différentes cultures, marque les contraintes qui l'empêcheront de réaliser telle culture sur telle parcelle, et tient compte des contraintes maximales et minimales de succession des cultures qui détermineront le délai le plus court à respecter pour renouveler une culture sur une parcelle donnée – on peut ainsi cultiver le maïs tous les ans sur la même parcelle, mais ce ne pourra être que tous les deux ans pour le blé. L'agriculteur classe ensuite les marges brutes ou semi-nettes de ses cultures, qui dépendent beaucoup du prix des produits végétaux. Or, s'il veut que ses enfants puissent faire des études supérieures, il ne s'encombrera pas de poésie, mais s'assurera d'avoir les moyens de financer ce projet.
Les facteurs de cette équation sont notamment la politique agricole commune et le calibrage des aides, mais pas les synthèses de Dephy, ni même Écophyto – qui pourrait pourtant jouer un rôle en la matière, mais qui, actuellement, n'aborde pas ces aspects.