Le lindane fait partie des polluants organiques persistant pendant des dizaines ou des centaines d'années ; il figure à ce titre sur une liste établie par la convention de Stockholm. Dans la Cnep 2018-2019, il a été mesuré à des concentrations relativement faibles dans les trois quarts des prélèvements, avec une relative constance, sans saisonnalité marquée. Le milieu aérien n'est pas un compartiment de stockage, c'est un milieu assez fugace. Notre hypothèse est que le lindane stocké dans les sols s'évapore et contamine l'air.
Une fois qu'une molécule est utilisée, il est important de mesurer comment elle persiste, comment elle migre dans les différents compartiments jusqu'à nous exposer par la voie respiratoire, la voie cutanée, par les aliments oupar l'eau. Je rappelle que la France est le seul État européen à avoir mis en place une phytopharcovigilance intégrant l'ensemble des données de surveillance dans tous les compartiments et évaluant les effets sur la santé humaine et sur la santé animale.
S'agissant du lindane, nous allons mener des travaux d'expertise spécifiques pour comprendre les mécanismes de transfert identifiés là où cette substance est stockée. Il serait étonnant que nous trouvions des mésusages. Le lindane n'a pas été utilisé uniquement pour l'agriculture : des éleveurs avaient recours au lindane pour protéger leurs animaux d'insectes parasites ; il a également été utilisé pour traiter les charpentes contre les insectes. Cette utilisation comme biocide a été plus tardive et ne s'est interrompue qu'au milieu des années 2000. C'est la raison pour laquelle on retrouve encore beaucoup de lindane dans l'air intérieur.