Avec 11 millions de kilomètres carrés d'espaces maritimes, notre pays dispose du deuxième territoire maritime du monde : c'est une réelle opportunité mais aussi une véritable responsabilité pour la France. Il en est question quand il s'agit de se battre pour une entrée en vigueur rapide du traité international de protection de la haute mer, adopté ce 19 juin 2023 par les membres de l'ONU. Mads Christensen, le directeur exécutif de Greenpeace, appelle les pays à être ambitieux, à ratifier le traité pour s'assurer qu'il entre en vigueur en 2025 car nous avons moins de sept ans pour protéger 30 % des océans. Depuis des années, La France insoumise se bat pour que la mer soit reconnue comme un bien commun de l'humanité. Elle voit aujourd'hui se dessiner une réglementation visant à la préserver, quoique certaines failles dans la rédaction nous fassent craindre un manque d'efficacité dans la pratique. Rien n'est par exemple prévu pour contrôler, financer et surveiller les aires marines protégées.
Nous peinons à croire que les chantres de l'ultralibéralisme sauront rompre avec les logiques productivistes, le pillage des ressources et le saccage de l'environnement. La vision court-termiste du capitalisme empêche toute anticipation de l'avenir. Dans les années 1960, les habitants de la petite ville japonaise de Minamata ont été empoisonnés, pour permettre le redressement du pays. L'usine Chisso avait tant d'importance aux yeux des gouvernants, qu'ils ont préféré fermer les yeux sur le fait qu'elle déversait des métaux lourds dans la mer. Absorbé par les poissons, le mercure a fini dans l'assiette de milliers de personnes, qui sont mortes ou ont souffert de terribles séquelles neurologiques.
Encore récemment, alors que le traité international venait d'être signé, les eaux contaminées de la centrale de Fukushima ont été déversées dans la mer. Quelle est la logique de tels actes ? Les eaux usées de nos centrales françaises connaissent-elles un meilleur destin ? Il y a un an, les associations environnementales étaient vent debout face à votre décision de les déverser dans des cours d'eau reliés à cette mer que vous prétendez vouloir protéger.
Les intérêts économiques ne peuvent pas et ne doivent pas primer sur la préservation de nos écosystèmes. Nous nous ficherons bien de votre argent quand nous serons tous morts. Alors, quelles garanties pouvez-vous nous apporter : les aires marines protégées seront-elles autre chose que des aires de papier ?