Notre souveraineté nationale passe par le numérique. Nous avons dix ans de retard, peut-être quinze, mais c'est encore jouable – à condition de faire autrement. J'en viens à ce sujet, celui de la souveraineté numérique. Vous l'avez souvent à la bouche, mais, concrètement, ce projet de loi ne permet rien, ni maintenant, ni avant longtemps. Le problème des règlements européens mentionnés dans le texte, c'est qu'ils sont limités ; ils sont le fruit d'un compromis entre intérêts divergents et ont été élaborés sous l'influence des Gafam et des géants du web.
À cela s'ajoute que la position française est antinomique avec celle de l'Allemagne en matière d'hébergement des données. Certes, dans l'idéal, la stratégie européenne pour les données devrait permettre de mutualiser les moyens des États européens et d'abaisser ainsi les barrières à l'entrée d'un marché qui, sinon, restera monopolisé par les géants américains – mais regardez les choses en face : la différence de vues avec l'Allemagne concernant l'indépendance numérique laisse peu de place à une stratégie européenne cohérente et efficace.