La majorité n'a aucun remords à risquer de faire tomber dans la précarité extrême ceux qui ont le plus de mal à s'en sortir, mais elle n'exige et n'exigera rien des employeurs. Le projet de loi n'exige en effet rien des employeurs qui discriminent les personnes en situation de handicap parce que celui-ci « a l'air bizarre », parce que « oh non, ça coûte trop cher d'installer une rampe » ou parce que « celle-là, elle va nous pondre des arrêts maladie toutes les semaines ». Il n'exige rien des employeurs qui, pour éviter des sanctions pour manquement à l'obligation d'emploi, passent par la sous-traitance à des travailleurs handicapés payés 5 euros de l'heure. Le taux de chômage des travailleurs handicapés est de 14 % ; 37 % de ces personnes déclarent avoir subi une discrimination au cours d'une recherche d'emploi ; 59 % des demandeurs d'emploi en situation de handicap sont en chômage de longue durée. Alors que l'obligation d'emploi de personnes handicapées a été fixée à 6 % de l'effectif des entreprises il y a maintenant trente-six ans, nous stagnons toujours à un taux moyen de 3,5 %.
Quand allons-nous changer ? Quand allons-nous exiger des employeurs qu'ils cessent enfin d'exclure les personnes en situation de handicap ? Nous ne pourrons pas aller vers une société incluant réellement toutes et tous si nous devons attendre trente-six ans de plus avant que toutes les entreprises ne respectent enfin leurs obligations. L'inscription automatique des personnes en situation de handicap en recherche d'emploi va entraîner une arrivée massive de demandeurs d'emploi handicapés sur le marché du travail. Nous demandons, en toute logique, que soit étudiée la possibilité d'augmenter le taux minimal d'emploi de personnes handicapées.