Le 22 juin 2022, un petit enfant est mort dans une crèche à Lyon après avoir ingéré de la soude caustique. Cette perte, qui a touché le cœur de tous les Français et de chacun d'entre nous ici, n'est pas un fait divers, mais la conséquence d'une maltraitance institutionnelle dans nos crèches, avec des résultats gravissimes pour chacune de ces petites victimes innocentes, comme pour la société dans son ensemble.
Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales publié en mars 2023 a mis en lumière de manière choquante les conséquences de l'absence de volonté politique des gouvernements successifs. Les faibles niveaux de rémunération, la piètre qualité de vie au travail et le sentiment de ne pas pouvoir accorder à l'enfant le temps dont il a besoin ne permettent pas d'attirer et de fidéliser le personnel. Les risques de dérive et les faits remontés sont ainsi identiques à ceux constatés dans tous les types d'accueil de personnes vulnérables et dépendantes.
Enfants oubliés dans une salle ou retrouvés sur le parking par un parent, enfants parqués pour qu'on le fasse le ménage, enfants délibérément déshydratés pour que l'on n'ait pas à changer leur couche, enfants ligotés aux chaises pendant les repas, bébés maintenus allongés de force : ainsi va la vie dans la France de 2023, de la crèche à l'Ehpad. Ceux qui sont vulnérables ne sont rien, comme dirait Emmanuel Macron. Dans la start-up nation libérale, si vous êtes fragile, vous êtes surnuméraire – un poids mort.
Au sein de nos crèches, le point névralgique est le taux d'encadrement : il s'agit d'un critère majeur de la qualité de l'accueil, tant pour le développement de l'enfant que pour la qualité des interactions au sein de la structure. L'article 10 bis de ce projet de loi pour le plein emploi représente une prise de conscience bien tardive, quoique salutaire. Je compte sur vous pour entendre nos propositions d'amendements.