Alors que des débats naissent autour des crèches privées, l'enjeu est fort : la puissance publique doit être au rendez-vous et les communes doivent avoir les moyens de déployer un service public permettant de répondre aux besoins. Mais s'il est vrai que le manque de places d'accueil est un frein à l'emploi, c'est également le cas du logement et du transport, dont les politiques publiques ne font pourtant pas l'objet d'une réforme qui tiendrait en un seul article de ce projet de loi.
Par ailleurs, s'il est important d'offrir aux parents un service public leur permettant d'assurer une activité professionnelle, n'envisager la question de l'accueil du petit enfant que sous l'angle du frein à l'emploi est, à nos yeux, particulièrement réducteur. La création d'un service public de la petite enfance doit faire l'objet d'une réflexion beaucoup plus large et se fonder avant tout sur les besoins et le bien-être de l'enfant. Or l'article 10 laisse de côté des sujets pourtant cruciaux, comme la nécessité d'ouvrir une réflexion sur l'implication des employeurs pour améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, ou encore les difficultés relatives à la formation et à la revalorisation salariale des professionnels du secteur. Vous avez annoncé la création de 200 000 nouvelles places d'accueil, et 6 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2027 pour revaloriser les salaires afin de renforcer l'attractivité des métiers et pour augmenter les subventions aux collectivités. Ces mesures seront-elles financées par la branche famille de la sécurité sociale, que le Gouvernement a pourtant privée de fonds en supprimant les cotisations sociales qui l'abondaient – partiellement pour les employeurs, totalement pour les employés ? Comment la compensation financière des communes s'opérera-t-elle ?