J'ai bien compris que les services express régionaux métropolitains ne chercheraient pas à concurrencer le fret ferroviaire mais, de facto, un problème pourrait se poser du fait du manque de sillons.
Je ne saurais vous dire si la concurrence intramodale a joué un rôle quelconque. Je ne pense pas, cependant, qu'elle ait eu des effets négatifs. Lorsque j'étais à la tête de la SNCF, il y avait une certaine fierté à se dire qu'on n'allait pas se faire avoir. Il y a eu une sorte de sursaut. Puis, les choses se sont tassées, le groupe a été réorganisé, nous avons dû faire face à des grèves, mais je ne pense pas que cette concurrence ait eu des conséquences pour le fret. Au contraire, elle aura plutôt stimulé la recherche d'une relation plus moderne, plus commerciale, avec les clients. Vous aurez remarqué que j'ai tenu, comme je le faisais lorsque je présidais la SNCF, à ne pas parler de la concurrence. Ce n'est pas un sujet idéologique. J'ai toujours préféré m'intéresser aux concurrents et à la manière de les battre. Finalement, je crois que cette ouverture à la concurrence fut moins bénéfique que n'a voulu le faire croire la Commission européenne, ce qu'attestent les chiffres, mais elle n'aura sans doute pas vraiment influencé la demande ni porté préjudice au modèle ferroviaire par rapport à la route. En dehors d'un ou deux opérateurs, on ne peut pas dire qu'ils gagnent bien leur vie. Et le bilan en Allemagne n'est pas génial non plus. Je reste assez neutre par rapport à cette question. Elle est sans doute importante politiquement, mais je ne fais plus de politique.