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Intervention de Anne-Marie Idrac

Réunion du mercredi 13 septembre 2023 à 14h30
Commission d'enquête sur la libéralisation du fret ferroviaire et ses conséquences pour l'avenir

Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique :

J'avais oublié l'existence de ce groupe de travail mais c'est vrai, il s'est tenu. Je ne serais pas capable de vous donner ses conclusions mais on doit pouvoir les retrouver. À l'époque, j'étais confrontée à la colère des chargeurs et je parcourais la France pour essayer de les calmer. Cela en a étonné plus d'un, qui n'avaient pas l'habitude de voir un président de la SNCF quitter son bureau pour aller à la rencontre des clients.

En revanche, je ne me souviens pas que le plan Idrac-Marembaud ait décidé de la fin des wagons isolés. Nous avons tout simplement cessé de faire semblant d'utiliser des gares qui faisaient semblant d'être ouvertes afin de rationaliser le réseau de gares.

Vous parlez du retour en force du fret ferroviaire. N'exagérons rien ! Parlons plutôt de tendances nouvelles, bloquées par le manque de sillons. Personne de raisonnable ne mettra sa tête à couper que nous doublerons le trafic de fret ferroviaire dans les cinq prochaines années. Mais les conditions sont réunies pour que la situation s'améliore.

L'économie circulaire suscite beaucoup de questions. C'est vrai, elle favorise plutôt le wagon isolé mais nous n'en sommes qu'aux prémices. Attendons car, pour le moment, il ressort des échanges que j'ai pu avoir avec des sociétés sidérurgiques ou de grands céréaliers que tout le monde tâtonne.

Pour ce qui est de la différence de coûts, je préfère ne pas m'engager sur des moyennes car ce n'est pas ce qui préoccupe le chargeur. Il s'intéresse plutôt au temps qu'il faudra pour faire un trajet, au délai d'attente avant de voir arriver le train ou le camion, etc.

Les concurrents routiers sont compétitifs même si leurs tarifs risquent d'augmenter pour deux raisons. La première est la pénurie de chauffeurs à l'échelle européenne, d'autant plus que nous subissons moins la concurrence des chauffeurs des pays de l'Est grâce aux mesures antidumping. La deuxième est la transition écologique des camions, qui sera longue et onéreuse. Pour vous donner une idée, le Parlement a adopté depuis une dizaine d'années une série de dispositifs d'aide et d'incitation à la décarbonation des voitures, pour 1 ou 1,3 milliard d'euros. Depuis deux ou trois ans, les mesures que le Parlement vote pour verdir les camions se chiffrent en dizaines de millions. C'est une énorme affaire – 50 000 immatriculations par an pour les camions, 500 camions électriques produits et livrés en France l'an dernier. Il y a de la marge ! Sans compter le problème des bornes de recharge pour les camions électriques. Les dépôts ne comptent pratiquement pas d'installation pour les recharger.

Personne n'imagine que le fret ferroviaire pourra se passer d'aides. Les nouveaux opérateurs en auront besoin aussi, en toute transparence et dans le respect de la réglementation européenne.

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